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dimanche, 10 juillet 2016

L’Europe de Barroso : de Mao à Goldman Sachs

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L’Europe de Barroso : de Mao à Goldman Sachs

Ex: http://www.dedefensa.org

Dans l’émission L’Histoire immédiate (chaîne Histoire) du 6 juillet, Régis Debray observe que les évènements de mai 68 qu’il n’a pas vécus puisqu’il était en prison en Bolivie (de 1967 à 1971), marquent l’accélération décisive de l’américanisation de la France et de sa plongée dans le consumérisme. L’américanisation de la France grâce à Mao (les gauchistes maoïstes étaient en pointe dans le mouvement) : « Amusant... Ou bien non, pas amusant du tout », commente Debray avec une ironie un peu lasse. Trois jours plus tard, cette analyse aujourd’hui unanimement acceptée par les esprits hors-Système/antiSystème, trouve une confirmation opérationnelle en étendant la vertu de l’américanisation de 1968 à l’Europe.

Il est sans la moindre vergogne, mot inconnu chez lui puisqu’il a dirigé la Commission européenne pendant dix ans, ni la moindre conscience de sa condition de gredin, l’exceptionnellement insignifiant Barroso, Portugais gaucho-maoïste en 1968. En toute impudence parce que “pour le mérite”, il a donc reçu le 8 juillet son bâton de maréchal pour un travail si bien fait : une nomination à la direction internationale de Goldman-Sachs comme directeur honoraire et conseiller. Le montant du salaire annuel n’est pas communiqué : sans doute approche-t-on les sept chiffres, comme le bâton de maréchal que recevait (le passé est de rigueur) un général vainqueur d’une guerre compte en France sept étoiles. (Sept étoiles sur les champs de bataille d’antan : beaucoup moins que l’Europe d’aujourd’hui, et alors comment peut-on dire que le progrès est une idée dépassée ? L’UE de Goldman Sachs bien plus qu’un maréchal, et alors comment peut-on avancer que l’héroïsme n’existe plus ?)

... Brève présentation de l’événement par Thomas P. Carney, du Washington Examiner, le 8 juillet (même aux USA, on s’aperçoit de la chose qui nous garantit la pureté des adversaires du Brexit) : « Jose Manuel Barroso was president of the European Commission (the central governing apparatus of the European Union) for a decade. His central mission was expansion and centralization of the EU. “More integration is simply indispensable for our economy,” Barroso said. He doubled the membership size. Barroso saw Britain's exit from the EU, the “Brexit,” as a horrible idea. “It will not be wise for Britain to now make a jump in the dark,” Barroso said. “It is quite obvious from my point of view that we are stronger if we are together.”

» Today Goldman Sachs, the New York-based global investment bank, announced: “the appointment of José Manuel Barroso as non-executive chairman of Goldman Sachs International (GSI). He will also be an advisor to Goldman Sachs.” It's not a mystery, is it, why the fishermen of Hastings or Wales may not have believed that Barroso's interests were aligned with theirs? »

samedi, 02 juillet 2016

Le Brexit et les quatre de Visegrád

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Le Brexit et les quatre de Visegrád

Ferenc Almássy

Ex: http://metamag.fr

Brexit, groupe de Visegrád, Union européenne – l’Europe change. L’Histoire s’écrit en ce moment même

Le Brexit a été un choc pour certains, surtout dans un Occident ramolli et capricieux. Mais en Europe centrale, vivre des événements historiques de l’intérieur est presque devenu quelque chose de courant. Tous les actuels dirigeants d’Europe centrale se souviennent, voire ont même pris part au changement de régime qui a eu lieu il y a un peu plus d’un quart de siècle. Ces hommes et ces femmes ont vécu sous le communisme et ont participé à sa mise à mort. Et cette expérience est mise à profit en ce moment même où l’Europe vit un tournant majeur.

S’il est bel et bien appliqué – ce ne serait pas la première fois dans l’Histoire de l’Union européenne qu’un référendum qui déplaît à ses élites ne serait pas appliqué -, le Brexit aura des conséquences aussi en et pour l’Europe centrale.

Une fracture amorcée non par le Brexit, mais par Berlin et Paris.

Les 6 membres fondateurs de l’Union – le Benelux et les petits géants européens : Italie, France et Allemagne – se sont réunis en urgence à Berlin lundi 27 juin, pour parler de l’avenir de l’Union européenne… selon eux ; excluant les « états secondaires », et donc, le groupe de Visegrád.

Selon le média polonais TVP, les Allemands et les Français travailleraient sur un projet de « super-État », autrement dit une augmentation considérable de l’intégration européenne. Le média polonais a publié une copie du document de 9 pages : il s’agit d’en finir avec les derniers éléments de souveraineté nationale.

Le groupe des quatre de Visegrád (V4) a saisi l’importance de l’événement et n’est pas resté les bras croisés. Le ministre des affaires étrangères polonais a convié ses homologues du V4 ainsi que d’autres pays exclus de la réunion de crise berlinoise. La dissidence étatique est née et est officialisée au sein d’une Union que d’aucuns estiment déjà moribonde.

Il est trop courant à l’Ouest de penser que l’Europe centrale a bénéficié de l’aide financière bienveillante, désintéressée, offerte par pur humanisme, de la part d’une Union européenne ouest-continentale. Mais évidemment, si l’Europe centrale a bénéficié de subsides européennes, elle n’a pas signé pour en être une colonie – en fait, si, diront certains ; les pays baltes, le V4 et les autres nouveaux pays de l’Union Européenne sont des membres à part entière, participant eux aussi financièrement à l’effort commun, ayant troqué une part de leur souveraineté pour jouer le jeu, et enfin, ayant ouvert des marchés énormes, faciles d’accès – tant géographiquement que légalement ou financièrement – et devenant des viviers de main-d’oeuvre bon marché, qualifiée et jeune.

Le V4 ne voulait pas le départ du Royaume-Uni de l’UE : élément important de l’Union, il était un allié important pour les souverainistes, n’ayant pas la monnaie commune, étant plus que réservé sur l’abandon de souveraineté, étant opposé aux quotas berlinois, et étant un partenaire économique majeur pour chacun des pays du V4. Enfin, c’est aussi le principal lieu d’implantation des jeunes émigrés du V4. Un million de Polonais, 350.000 Hongrois, 45.000 Tchèques, 9.000 Slovaques, tels sont les chiffres de la diaspora du Visegrád au Royaume-Uni. Pour toutes ces raisons, le V4 était opposé au Brexit, Orbán allant même jusqu’à publier une annonce anti-Brexit dans la presse britannique.

Mais voilà, le Brexit est voté. Démocrates sincères, les quatre de Visegrád sont passés sans attendre au plan B. Il faut renouveler l’Europe, mais certainement pas en allant vers plus d’intégration. L’intégration européenne (autrement dit, la fédéralisation) est justement selon le V4 ce qui mène l’UE vers l’effondrement.

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Les réactions du V4 : Front commun pour une autre Europe

En Pologne, le ministre des affaires étrangères Waszczykowski s’inquiète de la domination de la zone euro désormais, impliquant une UE plus que jamais à deux vitesses. « La zone euro pourrait créer des institutions séparées, un budget séparé et ensuite l’Union européenne dans son ensemble ne serait plus qu’une façade et la zone euro dominerait ». « Nous devons créer une Union européenne d’Etats souverains, » a dit le porte-parole du gouvernement polonais, ajoutant que l’exemple du Royaume-Uni montre que c’est exactement ce que veut l’Europe, et que tous les États membres devraient être traités comme des partenaires car aucun pays ne peut décider du destin des autres.

Si le président du PiS souhaite un deuxième référendum, l’influent homme politique a également déclaré que « nous avons une crise dans l’Union européenne et la bonne réponse n’est pas de continuer à faire ce que nous faisions, parce que ça conduirait à une catastrophe. » Le ministre des affaires étrangères a rajouté que les officiels à Bruxelles sont déconnectés des gens ordinaires et qu’ils devraient « se battre la poitrine » de remord. « Les Européens sont mécontents de la voie choisie pour gérer la crise migratoire, ils sont mécontents du fait des problèmes de sécurité, mais aussi du fait de la faible croissance économique due à l’euro, car en réalité l’eurozone stagne et n’a pas de croissance, » a-t-il ajouté.

Beata Szydło, premier ministre de Pologne, a déclaré que « pour le gouvernement polonais, le problème prioritaire est la situation des citoyens polonais vivant au Royaume-Uni. Nous allons essayer de négocier pour qu’ils préservent les avantages qu’ils ont eu à leur arrivée.»

Enfin, les nouvelles élites polonaises profitent de l’occasion pour tirer à boulet rouge sur l’ancien premier ministre libéral Donald Tusk, actuellement président du Conseil européen. « En tant que négociateur, Donald Tusk porte une responsabilité directe pour le Brexit et devrait disparaître de la politique européenne, mais cela vaut aussi pour toute la Commission telle que composée aujourd’hui. » a conclu Kaczynski.

En Tchéquie, on s’attaque à d’autres élites. Juncker est désigné comme responsable par le ministre des affaires étrangères tchèque Zaoralek, dont il demande la démission. « L’Union européenne doit changer rapidement, » a dit le premier ministre tchèque Sobotka sur sa page Facebook. « Pas parce que le Royaume-Uni est parti, mais parce que le projet européen a besoin d’un bien plus grand soutien de la part de ses citoyens. L’Europe doit être mieux à même d’agir, elle doit être plus flexible, moins bureaucratique et beaucoup plus sensible à la diversité que représente ses 27 Etats membres. »

La Slovaquie, qui va prendre la tête du Conseil de l’Union européenne le 1er juillet, a également insisté sur la nécessité de changements à apporter. « Ce n’est pas une tragédie, c’est une réalité et les 27 Etats membres restants doivent agir vite, » a dit le premier ministre Robert Fico. « Ce serait une grande erreur que la réaction des 27 pays soit de continuer la même politique au niveau de l’UE que celle menée jusqu’à maintenant. » Le premier ministre slovaque désire également organiser une rencontre informelle en septembre à Bratislava, incluant les dirigeants français et allemand, ainsi que le président du Conseil européen. Mais il veut également que le V4 soit le leader de cette discussion.

Enfin, en Hongrie, alors qu’Orbán plaidait pour le Remain, il semble sortir grand gagnant du Brexit : si le Brexit a eu lieu, c’est principalement à cause de la politique migratoire de l’UE, a-t-il fait savoir. « Une situation où nous avons une élite européenne sociale-libérale qui est pour l’immigration alors que la majorité des Européens est contre ne peut simplement pas fonctionner, » a déclaré le chef du groupe Fidesz au parlement national. « Malheureusement nous devons admettre que l’assertion selon laquelle l’Europe a perdu 64 millions d’Européens et sa deuxième économie au profit de quelques millions de migrants est vraie, » a-t-il ajouté.

Le ministre de l’économie, Mihály Varga, estime que la Hongrie ne peut que bénéficier du Brexit. Le gouvernement hongrois est en train de travailler à rendre le pays plus attractif pour les compagnies cherchant à quitter le Royaume-Uni. Quant au ministre des affaires étrangères hongrois Szijjártó, il a estimé qu’il était totalement incorrect que l’on tente d’imposer plus longtemps des mesures politiques ayant mené aux échecs actuels. « Des têtes doivent tomber ».

« Peut-être que l’heure des pays de l’Est est arrivée. »

C’est en ces mots que Die Welt, grand journal allemand, commente les réactions des dirigeants européens. Le Brexit marque d’une pierre blanche l’Histoire européenne contemporaine à laquelle l’Europe centrale en plein essor compte bien apporter de nouveau, enfin, sa participation. Fini le temps des « pays de l’Est » méprisables et méprisés, fini le XXe siècle, fini la soumission.

Le V4 a d’ores et déjà annoncé vouloir traiter avec le Royaume-Uni en tant que bloc, et face à l’axe libéral-libertaire et fédéralisateur Berlin-Paris, les quatre de Visegrád n’ont pas perdu de temps pour fédérer autour d’eux les laissés pour compte de l’UE tenant encore à leur souveraineté.

Par leur fermeture d’esprit et leurs rêves aveugles, les dirigeants occidentaux sont en train de tuer l’Union européenne. Une Union voulue par les anciens pays du bloc de l’Est. Mais, jouant le jeu démocratique, écoutant leurs peuples et rejetant les absurdités babeliennes de Bruxelles, on a fait passer le V4 pour des « eurosceptiques », voire des opposants à l’Union européenne. C’est une grave erreur, hélas volontaire de la part de certains : le V4 est pour l’Europe, mais une autre Europe. Pas une Union fédérale libérale-libertaire, mais une grande entente de pays libres et souverains.

Quoiqu’il en soit, l’onde de choc du Brexit a rapidement frappé le continent, et Berlin a catalysé la création d’une faille qui suit presque l’ancien tracé du rideau de fer.

L’avenir nous dira ce que va devenir l’Union, l’Europe et de quel côté de cette fracture naissante se trouvera la liberté, la prospérité et l’espoir.

Source

Brexit – The Only Certainty is Uncertainty

While many are celebrating the victory of the Leave campaign, the consequences remain to be seen. Scottish politicians are already calling for a new independence referendum, the leadership of the Conservative Party is undergoing a shakeup, and the economic implications are far-reaching. Regardless of what happens, however, shock-waves are being transmitted around the world.

At 7.20 UK time, the Electoral Commission declared the result of the referendum on UK membership of the European Union. There were cheers as our nation and the world was told that the Leave campaign had won with 17,410,742 votes (51.9%) and the Remain campaign had lost with 16,141,241 votes (48.1%). Within hours David Cameron announced his intention to resign as Prime Minister.

In this article I want to concentrate on the effect on my country, Britain, although the vote will send shockwaves around the world.

Britain was already a divided nation before the referendum. The campaign stoked coal on the fires of that division. The campaign was a dirty one. The Conservatives were bitterly divided on the issue and blue on blue attacks (some very personal) were commonplace.  The resignation of David Cameron will not be the only fall-out. The position of the Chancellor, George Osborne, now also looks untenable. Tories on the Leave side were very angry when he said he would introduce an emergency budget with £30 billion of tax rises and spending cuts that he insisted would be needed if Britain left the European Union. It was soon dubbed the “punishment” budget. There will also be a new leader of the Conservative Party before the October Tory conference. Conservative MPs will vote first to decide two candidates to put before the wider membership. Although Boris Johnson is disliked and distrusted by many Conservative MPs, it is difficult to see how they can avoid putting him on the ballot paper given his popularity among the membership and his prominence in the Leave campaign. The two names most likely to be on the ballot are Boris Johnson and Theresa May. An outside possibility is Michael Gove, though he has previously said he would not stand (but then politicians don’t always keep their word!).

The Labour Party Leader, Jeremy Corbyn, who campaigned for a Remain vote, has said he is ‘absolutely’ staying in position and has rejected suggestions from the Right of his party that he should go. He has pointed out that although some big Labour strongholds such as the North East and North West voted Leave, others, like London and Bristol, voted Remain.  As the majority of trade unions (who have bloc votes within Labour and give it large sums) favoured Remain, he is likely to get his way.

The Scottish National Party is calling for a second referendum on independence. They have a strong argument. Scotland voted 62 per cent to 38 per cent in favour of remaining in the EU. All 32 local council areas in Scotland voted to Remain in the EU. Scotland was the only nation in the UK to have a clean sweep of all local authorities.

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Scottish First Minister Nicola Sturgeon said the results in Scotland make clear ‘that the people of Scotland see their future as part of the European Union’.

Her predecessor, Alex Salmond, suggested that the vote to leave in England and Wales (Northern Ireland also voted Remain) should trigger a second referendum on Scottish independence. Speaking of the British exit, he told ITV news: “So whatever that period is – two years, two-and-a-half years, that would have to be the timescale of the next referendum because what you would want to do is remain in the European Union while the rest of the UK moved out.”

Mr Salmond also pointed out that the SNP’s manifesto said if Scotland was ‘dragged out’ of Europe against the will of the Scottish people, then the Scottish parliament should have the right to hold another independence referendum.

The result of the first Scottish referendum was 55.3 per cent to stay in the UK to 44.7 to leave. A big question will be how many who voted to stay in the UK would now switch to vote for a Scotland in the EU.

The constitutional implications for the UK are not likely to become clear for some time. The two-year period Mr Salmond mentions is specified under Article 50. It kicks in when the Prime Minister of the country leaving formally asks to do so. David Cameron has already said that this should be a decision for his successor. Leave campaigners have already indicated that they want nine months to a year for planning.

Added to this is the uncertainty that a new Tory leader introduces. It is not impossible that they will want to call a General Election to secure a mandate. A majority in Parliament is needed for them to do this and that is by no means certain. In addition, a new General Election could see Labour saying they would over-ride the referendum result if given a new mandate to do so by the electorate. If the economy was looking bad, they might get it.

What of the long-term future for Nigel Farage and UKIP? Whatever UKIP say, they are seen as a single-issue party. What happens to them when their raison d’etre is gone? Not to mention the generous funding they receive from the European Parliament!

The two big issues of the campaign have been identity and the economy. The Leave campaigners generally concentrated on identity issues like migration and border security (dubbed ‘Project Hate’ by Remain) and Remain stressed the negative effects on the economy of leaving (dubbed ‘Project Fear’ Leave). It seems like the identity issue had more resonance with the British people. Many of my own friends told me that whatever the economic consequences, they would vote for an independent Britain able to effectively control who came into our country. They were steadfast in that whatever the Bank of England, the IMF, and the Chancellor said.  The hope of ‘Project Fear’ was that enough of those undecided could be scared into a Remain vote. It didn’t work.

As Dr Paul Craig Roberts neatly summed up: ‘It is a propaganda choice to call these concerns racism rather than cultural defence, and the UK political establishment has made that propaganda choice.  Little wonder so many British citizens no longer believe that the British Establishment represents Britain.’

Jo-Cox-Labour-MP.jpgIn the last stages of the campaign we had the tragic assassination of Jo Cox MP. The Remain camp cynically seized on this to boost their campaign. Anyone who voted Leave was a ‘hater’ and the language they had used to criticise immigration and the political class had led to a ‘climate of fear’ which in turn led to her death. Her two children were taken to Parliament to hear MPs pay tributes, and also to a big rally in London’s Trafalgar Square. This attempt to manipulate our emotions also failed. In fact many I know were disgusted by the shameful attempts to use the tragedy to boost a Remain vote. They were also angry at the way that their views were being falsely categorised and denigrated. If anything it made them more likely to vote Leave. I even had some friends who had voted Remain by post earlier, saying that they would have switched to Leave because of the disrespect tht had been shown, had they been given the chance! The ‘love versus hate’ theme has caused a lot of bitterness, anger, and division within our nation. Many Remain supporters are dismayed because it seems as if ‘hate’ has won. That’s one consequence of making the argument seem like a battle between good and evil – something the smug, condescending Left likes to do.

The Remain side also seemed to express social superiority. One YouGov poll showed voters in the highest social class, ABC1, split 53 to 38 per cent for Remain, while those in the lower C2D2 class split 52 to 29 per cent for Leave. The working class supporters of Leave have a big wants list, and they don’t want to wait for delivery. As Times journalist Daniel Finkelstein said: ‘The expectation of these ­voters, certainly their hope, is that leaving the EU can restore to this country control over its own destiny. They are hoping for greater protection from the social and economic change brought by globalisation. They seek more work, better-funded public services, less power to corporations and the elite and, above all, less of the ­immigration that they believe puts pressure on their wages and ­communities.’

They are likely to be disappointed. Corporate Britain doesn’t want to leave the single market. It’s difficult to see how we can stay in and not have free movement of labour. Nor are migrant workers suddenly going to disappear, if at all. Many work in key services and sectors which certainly wouldn’t want to lose them.

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Leave voters are likely to end up feeling more and more alienated and betrayed as they find their expectations of change disappointed. Just this very morning, the spokesman for the Leave campaign was back-tracking and qualifying their poster pledge to spend money saved from the EU contributions on our National Health Service. It was always a very stupid tactic. UKIP Leader Nigel Farage said it was a ‘mistake’ to promise that in the first place. For a start, the figure was wrong. In 2015, the UK paid the EU an estimated £13 billion, or £250 million a week. Of course some of that money came back in EU payments funnelled through the government, so the government’s ‘net contribution’ was around £8.5 billion, or £160 million a week. A lot to be sure, but not what was stated. Nor is any government going to spend savings made from not contributing to the EU on one area. Leave never had a mandate to promise that – it’s up to the government of the day. So no surprise that the Leave spokesman was squirming and trying to avoid questions on our TVs this morning!

That’s on day one! I fear that’s just the start of the backtracking, qualification, and excuses.

The economic consequences are already kicking in with the pound and stocks crashing. The market will adjust somewhat as it was taken by surprise by the result (as were the pollsters and bookies), yet UK growth may well fall with effects on living standards, at least in the short-term. Negotiations with the 53 nations with whom we currently trade under EU rules are also unpredictable. Many EU politicians may give Britain a hard time because they fear the rise of opposition politicians in their own countries. Already Marine Le Pen has called for a French referendum. The Eurocrats will want to discourage that.

The British people have spoken, deciding to roll the dice in the hope that we can protect our identity and achieve independence and prosperity. Let’s hope we win our gamble!

Contributor

Pat Harrington is an Edinburgh based writer and activist. He is the Director of the Third Way think-tank and General Secretary of the Solidarity Trade Union.

jeudi, 30 juin 2016

Rappel du rôle des USA et de la CIA dans la construction de l’Union européenne

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Rappel du rôle des USA et de la CIA dans la construction de l’Union européenne

par Youssef Hindi

Ex: http://www.medias-presse.info

Ces réflexions de Youssef Hindi, historien et écrivain, à propos du Brexit, méritent l’attention de nos lecteurs.

Brexit, opportunité historique ou piège de l’oligarchie ? 

Au lendemain du Brexit, les européistes comme les eurosceptiques se questionnent sur l’avenir de l’Union européenne et du Continent. La sortie de la Grande-Bretagne de l’Union va-t-elle entraîner un effet domino ? Si tel est le cas, l’Euro, en tant que monnaie dite unique (elle est en réalité une monnaie commune convertie dans les anciennes monnaies nationales), disparaîtra mécaniquement.

L’oligarchie financière qui à l’air de paniquer – George Soros avait déclaré (pour ne pas dire menacé) que les Britanniques seraient appauvris en cas de Brexit[i] (il faut rappeler que ce financier judéo-américain s’était considérablement enrichi en spéculant contre la monnaie britannique en 1992) ; d’ailleurs dès l’annonce du résultat du vote la bourse de Londres à chuté –, a-t-elle prévu un plan B en cas de décomposition de l’Union européenne ?

L’ouverture qui se profile permettra-t-elle aux peuples d’Europe de se libérer de cette dictature oligarchique qui pilote le Continent via le Politburo de Bruxelles ?

Les origines et les finalités de la construction européenne

Le 19 septembre 2000, le grand reporter du journal britannique Daily Telegraph, Ambrose Evans-Pritchard, rapportait dans un article[ii] des éléments tirés d’un document déclassifié du gouvernement américain révélant que c’est la CIA qui a, dans les années cinquante et soixante, fondé et dirigé le mouvement fédéraliste européen. Il expliquait que

« l’Amérique travaille avec acharnement à pousser la Grande-Bretagne à s’intégrer à un Etat européen. Un mémorandum daté du 26 juillet 1950, donne des instructions pour une campagne visant à promouvoir un véritable parlement européen. Il est signé du Général William J. Donovan, chef du bureau américain des services stratégiques en temps de guerre (OSS), l’ancêtre de la CIA. Le principal levier de Washington sur l’ordre du jour européen était le Comité Américain pour une Europe Unie (ACUE : American Committee on United Europe) créé en 1948. Donovan, qui se présentait alors comme un avocat en droit privé, en était le président.

Le vice-président, Allen Dulles, était le directeur de la CIA pendant les années 1950. Le comité comptait parmi ses membres Walter Bedell Smith, le premier directeur de la CIA, ainsi que d’anciennes personnalités et des responsables de l’OSS qui travaillait par intermittence pour la CIA. Les documents montre que l’ACUE a financé le Mouvement européen, l’organisation fédéraliste la plus importante d’après-guerre. En 1958, par exemple, l’ACUE a assuré 53,5% du financement du mouvement. ».

Il poursuivait avec des informations particulièrement intéressantes à propos du financement d’hommes politiques européens plus ou moins connus et présentés au grand public comme les architectes de l’Union européenne :

« L’European Youth Campaign, une branche du Mouvement européen, était entièrement financée et contrôlée par Washington. Son directeur belge, le Baron Boel, recevait des versements mensuels sur un compte spécial. Lorsqu’il était à la tête du Mouvement européen, Joseph Retinger, d’origine polonaise, avait essayé de mettre un frein à une telle mainmise et de lever des fonds en Europe ; il fut rapidement réprimandé.

Les dirigeants du Mouvement européen – Retinger, le visionnaire Robert Schuman et l’ancien premier ministre belge, Paul-Henri Spaak – étaient tous traités comme des employés par leurs parrains américains. Le rôle des Etats-Unis fut tenu secret. L’argent de l’ACUE provenait des fondations Ford et Rockefeller, ainsi que de milieux d’affaire ayant des liens étroits avec le gouvernement américain. ».

ciaeu88429670_o.jpgLes Américains n’ont pas seulement fondé et financé ce qui deviendra l’Union européenne mais sont aussi à l’origine de la création de l’Euro ; ainsi Ambrose Evans-Pritchard rapporte qu’une note émanant de la Direction Europe, datée du 11 juin 1965, conseille au vice-président de la Communauté Economique Européenne, Robert Marjolin, de poursuivre de façon subreptice l’objectif d’une union monétaire. Elle recommande d’empêcher tout débat jusqu’au moment où « l’adoption de telles propositions serait devenue pratiquement inévitable ».

La finalité de ce projet de construction européenne est de neutraliser politiquement le Continent, d’empêcher toute politique indépendante, tant sur le plan intérieur que dans celui de la politique extérieure, et ainsi placer l’Europe sous la tutelle américaine. D’ailleurs, l’OTAN qui est le pendant militaire et géopolitique de l’Union européenne, a pour utilité de faire mener aux pays d’Europe et à leurs frais, les guerres impériales étasuniennes et notamment d’appliquer la politique de containment à l’encontre de la Russie. Une politique extrêmement dangereuse qui aura pour conséquence de faire du territoire européen un champ de bataille dans une guerre opposant l’OTAN et l’Armée russe.

De même, la création de l’Euro avait pour but et effet d’affaiblir, voire de détruire économiquement l’Europe, en favorisant l’économie allemande –augmentation spectaculaire des exportations allemandes dès l’instauration de l’Euro en 2002, du fait que l’Euro soit une monnaie à la taille de l’économie allemande et de la zone euro; de fait, un marché libre à concurrence déloyale où l’industrie allemande, surajoutée au système de libre-échange global, a accéléré la destruction des industries européennes, en particulier celles de la France et de l’Italie – au détriment de celle de ses voisins (la courbe des exportations françaises chute vertigineusement à partir de 2002)[iii].

Les preuves et les éléments mettant en évidence l’application de cette vaste stratégie américaine de domination de l’Europe ne manquent pas. En 1997, dans son livre Le grand échiquier – où il traçait avec précision les lignes de la stratégie de domination américaine –, le très influent géopolitologue américain Zbigniew Brzezinski, écrivait :

« Le problème central pour l’Amérique est de bâtir une Europe fondée sur les relations franco-allemandes, viable, liée aux Etats-Unis et qui élargisse le système international de coopération démocratique dont dépend l’exercice de l’hégémonie globale de l’Amérique. On le voit, la question ne saurait se résumer à choisir la France et l’Allemagne. Sans l’un ou l’autre de ces deux acteurs, l’Europe n’existera pas.

Trois grandes conclusions émergent de ce qui précède.

  • Le soutien américain au projet européen est nécessaire (ce qui explique le déplacement de Barak Obama en Grande-Bretagne durant la campagne sur le Brexit. A cette occasion le président des Etats-Unis a menacé le Royaume-Uni de représailles commerciales en cas de sortie de l’Union européenne, remettant en question le partenariat du Royaume-Uni dans le système de libre-échange entre les Etats-Unis et l’Union européenne dans le cadre du traité transatlantique[iv]).
  • A court terme, il est justifié de s’opposer tactiquement aux positions françaises et de soutenir le « leadership » allemand.
  • Indépendamment l’une de l’autre, la France et l’Allemagne ne sont pas assez fortes pour construire l’Europe selon leurs vues propres, et pour lever les ambiguïtés inhérentes à la définition des limites de l’Europe, cause de tensions avec la Russie. Cela exige une implication énergique et déterminée de l’Amérique pour aider à la définition de ces limites, en particulier avec les Allemands, et pour régler des problèmes sensibles, surtout pour la Russie, tels que le statut souhaitable dans le système européen des républiques baltes et de l’Ukraine »[v]

La position agressive des dirigeants Européens contre la Russie dans l’affaire ukrainienne est révélatrice de la stratégie géopolitique américaine et de l’instrumentation de l’Union européenne et de l’OTAN pour étendre son hégémonie ; ce que Brzezinski ne cachait pas lorsqu’il préconisait de sortir l’Ukraine de la sphère d’influence géopolitique russe afin de l’affaiblir :

« L’indépendance de l’Ukraine modifie la nature même de l’Etat Russe. De ce seul fait, cette nouvelle case importante sur l’échiquier eurasien devient un pivot géopolitique. Sans l’Ukraine, la Russie cesse d’être un empire en Eurasie. »[vi]

La fin de l’Union européenne est-elle pilotée ?

En soi, la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne n’a pas de conséquences directes car elle n’y avait qu’un pied ; en effet, elle n’a adhéré ni à l’Euro ni à l’espace Schengen.

Comme l’a écrit Pierre Hillard « le Royaume-Uni, qui bénéficiait déjà d’une forme de Brexit déguisé avec des droits particuliers au sein de l’Union européenne, officialise sa rupture. »[vii]

La crainte affichée des oligarques et des européistes aux ordres vient de ce que peut inspirer le Brexit aux autres peuples d’Europe ; un effet domino s’étendant à toute l’Europe est à prévoir. La sortie de l’Union et de l’Euro – par des pays importants comme la France ou l’Italie – aurait pour effet la décomposition de l’une et l’autre.

Mais si l’on suit le raisonnement de Pierre Hillard, qui est un spécialiste des questions de régionalisme européen, cette décomposition de la construction européenne possiblement amorcée par le Brexit pourrait conduire, par une voie alternative au mondialisme, à « l’établissement d’une monnaie universelle, le « Phénix », prévue théoriquement pour 2018, selon The Economist, et la fragmentation en sept méga-région des Etats-Unis[viii], comme le révèle le New York Times »[ix].

farage.jpgPar ailleurs, le principal financier du parti Ukip de Nigel Farage, qui milite depuis plusieurs années en faveur de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, n’est autre que le millionnaire anglais juif Richard Desmond, détenteur, entre autres, du journal Daily Express, de OK magazine et de chaines de télévision pornographiques. Précisons qu’il a apporté son soutien financier au parti Travailliste puis au parti Conservateur avant de se tourner vers le parti de Nigel Farage. Richard Desmond a, de manière ambiguë, déclaré l’an dernier qu’il était favorable au référendum mais qu’il ne savait pas s’il voterait pour ou contre[x].

Dès le lendemain du Brexit, l’on a entendu des responsables politiques nous dire, à l’instar de Manuel Valls, que « c’est le moment d’être digne des pères fondateurs, de refonder une nouvelle Europe »[xi].

Selon les plus optimistes, l’effondrement de l’Union européenne et de l’Euro ouvrirait une porte salutaire, une occasion historique pour les pays d’Europe de sortir de la domination des marchés financiers, de s’affranchir du dictât des lobbies (en particulier le lobby bancaire) qui tiennent le Politburo de Bruxelles. Effectivement, il y a là une opportunité historique qui se présente, encore faut-il que les partisans d’un retour des nations et des monnaies nationales eussent été solidement organisés et prêts à saisir l’opportunité qui s’offre à eux.

Si cette crise a été provoquée par une branche de l’oligarchie occidentale pour passer à une étape supérieure – il s’agit ici du fameux concept de Karl Marx, le « saut qualitatif » menant à un « changement qualitatif », une redéfinition matérialiste d’une conception historique qu’il a emprunté, consciemment ou non, au messianisme juif –, elle a, pour ce faire, abaissé sa garde. C’est donc le moment de frapper ; mais au regard de la vacuité idéologique et programmatique, de la division et du noyautage des mouvements souverainistes en Europe (qui existent à droite mais aussi qu’à gauche), il est à parier qu’ils se laisseront dépasser par les évènements.

Youssef Hindi | 26 juin 2016

[i] Valeurs Actuelles, Brexit : Georges Soros prédit l’appauvrissement « de la plupart des électeurs », 21/06/2016.

[ii] The Telegraph, Euro-federalists financed by US spy chiefs, 19/09/2000, traduit en français par l’Union Populaire Républicaine le 18 novembre 2011.

[iii] Voir les courbes statistiques des balances commerciales française et allemande sur le site de Perspective Monde : http://perspective.usherbrooke.ca/

[iv] Le Hunfington Post, Barak Obama menace le Royaume-Uni de conséquences commerciales en cas de Brexit, 23/04/2016.

[v] Zbigniew Brzezinski, Le grand échiquier, L’Amérique et le reste du monde, 1997, Bayard Editions, pp. 103-104.

[vi] Zbigniew Brzezinski, op. cit., p. 74.

[vii] Pierre Hillard, Le Brexit victorieux. Et maintenant ?, Boulevard Voltaire, 24/06/2016.

[viii] Voir la nouvelle carte pour l’Amérique sur le site du New York Times : A New Map for America, New York Times, 15/04/2016.

[ix] Pierre Hillard, op. cit.

[x] Henry Mance, Ukip donor Richard Desmond unsure over EU exit, FT.com, 12/06/2016.

[xi] Europe 1, Brexit : « révélateur d’un malaise trop longtemps ignoré au sein de l’UE », pour Manuel Valls.


En savoir plus sur http://www.medias-presse.info/rappel-du-role-des-usa-et-de-la-cia-dans-la-construction-de-lunion-europeenne-youssef-hindi/57101#RBaRQfABOMSIeF8b.99

mercredi, 29 juin 2016

Après le Brexit, l’Europe peut revenir

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Après le Brexit, l’Europe peut revenir

Ex: http://metamag.fr

Bernard Asso,

Professeur des universités

Invoquer De Gaulle est devenu une sorte de rituel mais je ne me priverai pas de la gourmandise de le faire dans cette phase de Brexit.

Il est bon de rappeler qu’il a toujours été hostile à l’entrée de la Grande Bretagne dans l’Europe que construisaient les pays fondateurs de l’époque : France – Allemagne – Italie – Benelux.

Avec le sens de ses phrases lapidaires, il rappelait que l’Angleterre était une île ouverte vers le large, dominée par un prisme essentiellement commercial et porte-avion avancé des États-Unis.

Sa vision de l’Europe était marquée par l’intérêt des nations mais également par la nécessité d’une réconciliation avec l’Allemagne, ce qu’il fit par le Traité de l’Elysée en 1963 et il n’a eu de cesse, alors que l’Union soviétique exerçait son imperium, d’évoquer une Europe allant de l’Atlantique à l’Oural lorsque la Russie renaîtrait.

Plus de 50 après, on y est .

Le départ des Britanniques peut s’expliquer pour de multiples raisons

Certes ils ne supportaient plus le néo jacobinisme de Bruxelles, pas plus que les entraves à la liberté du commerce, préférant un esprit de libre échange plutôt que l’édification de normes pour un marché unifié mais surtout le 23 juin, il faut le dire, la majorité des électeurs qui ont voté pour le Brexit se sont déterminés sur la question de l’immigration.

Certes la moitié de la classe politique tant conservatrice que travailliste, lorsqu’elle a joué le Brexit l’a fait pour les conservateurs en écoutant ses électeurs, notamment les classes moyennes déclassées, et les travaillistes ont écoutés les cols bleus inquiets d’être concurrencés par des non britanniques dans les offres d’emploi.

Au fond, les britanniques ont souhaité reconquérir leur souveraineté pour maîtriser eux-mêmes les flux migratoires même s’ils auraient pu le faire déjà, mais cela impliquait, et impliquera, de ne plus tenir compte de la jurisprudence de la Cour de Strasbourg qui privilégie les individus nomades sur les peuples.

Toutefois, les britanniques n’ont jamais eu le désir d’une Europe puissance tant ils sont traditionnellement et historiquement hostiles, à un continent unifié ayant un destin politique autonome du monde anglo-saxon et de nos jours avec un désir de relation pacifiée avec la Russie.

Aujourd’hui les choses doivent être clarifiées

Il convient que les Britanniques puissent se séparer rapidement de l’Union Européenne car ils sont porteurs des intérêts géopolitiques américains.

Ils auront à définir leur propre stratégie, mais du côté de l’Union Européenne c’est une chance historique pour réorienter l’Europe vers une Europe des nations, rappelant le principe de subsidiarité selon lequel les services mutualisés européens ne seront compétents que lorsque les institutions nationales ne peuvent pas traiter elles-mêmes le problème.

Il serait inconvenant de ne pas tenir compte de la volonté grandissante des peuples d’Europe à ne plus vouloir accepter, au nom de la liberté de circulation des personnes, que cette dernière soit dédiée à tous et non pas exclusivement aux Européens.

Il reste que, pour revenir à cette notion d’Europe puissance continentale, il va falloir que les parlements nationaux aient un débat sur quelle Europe des nations veulent-ils ?

On entendra certainement des débats socio économiques sur l’harmonisation fiscale, sur l’harmonisation du code du travail, sur les travailleurs détachés, sur la couverture sociale, débats certes importants mais domestiques.

Les vraies questions seront celles des mécanismes de gouvernement, de l’Europe de la défense, des techniques de prises de décision mais également de ce qui fait une identité européenne en partage en parlant enfin des origines communes.

On ne peut pas bâtir l’Europe sur le seul engagement à respecter la convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme qui a trop servi de socle à l’impérium idéologique de la Cour de Strasbourg.

Il faut avoir le courage, le cas échéant, de suspendre la portée de cette jurisprudence lorsque sont en cause les intérêts nationaux en matière de politique migratoire.

Il convient également d’organiser la zone euro et de déterminer les conditions de l’harmonisation en matière de politique économique.
Mais tout cela ne sont que des outils techniques.

La vraie question est celle de s’interroger sur le « nous » et les « autres ».

En quoi sommes-nous des européens enracinés dans nos patries charnelles et différents des « autres » et pourquoi voulons nous être différents des « autres » ?

Ce ne sont pas des débats théoriques sur les institutions, sur le droit constitutionnel, sur le fédéralisme, sur le confédéralisme, sur le juge européen, sur les tarifs extérieurs qui règleront la question centrale  qui est celle de savoir qu’est ce qu’être européen aujourd’hui et jusqu’à quel prix on est prêt à s’engager pour le demeurer ?

C’est une interrogation philosophique, historique, politique, voire spirituelle.

Ne pas atteindre ce niveau de débat pour en rester à des débats techniques, c’est fragmenter rapidement l’Union Européenne et ne pas être sûr que l’Europe se reconstruise à temps dans cette période où les joueurs géopolitiques sont à la fois les espaces/Etats/continentaux et les religions.

Aurons-nous les hommes et les femmes pour ce faire ?

Pour l’instant j’en doute car le monde politique actuel a le nez sur les questions domestiques.

Beaucoup sont issus d’une pensée néo marxiste ou sociale démocrate qui met l’économie au centre de tout, même si les britanniques viennent de nous démontrer qu’ils avaient fait le choix de leur identité.

Avons-nous les ressorts intellectuels pour apprendre à conjuguer Nations et Europe ?

Il y a trop de faveur soit pour le nomadisme mondialisé, soit pour l’individualisme narcissique pour que puisse se lever enfin le sentiment que la vie de chacun ne peut pas se réduire simplement à la vie de soi.

Nous sommes des héritiers et nous avons un devoir de pérennité pour assumer notre destin collectif. La Nation, pour ce faire, semble plus rassurer les personnes. L’espace européen, s’il n’est qu’un espace ne nous rassurera pas s’il ne devient pas un mythe inscrit dans les origines et la durée.

Alors devenu ce symbole commun, il pourra ajouter, aux espaces nationaux, une envie de puissance pour que les européens puissent être à nouveau des vrais acteurs dans l’histoire.

Pour l'Europe! (suite)

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Pour l'Europe !

Suite

Ex: http://www.leblancetlenoir.com

Les résultats du referendum britannique suscitent moult analyses ainsi que des appels à re-voter. Peter Sutherland, ancien Commissaire européen à la concurrence, ancien directeur général de l’OMC, actuel président de l’European Policy Center et actuel président de Goldman Sachs International a diffusé le tweet suivant suite à la victoire du Brexit au référendum britannique :

« La jeune génération au Royaume-Uni a été sacrifiée, tout ça à cause d’une déformation des faits et des conséquences. D’une façon ou d’une autre, ce résultat doit être annulé. »

http://www.bbc.com/news/uk-politics-18519395

Cela ne surprendra que les moins informés. Dans la même veine, voici ce que dit Jacques Attali sur son blog (Extraits de Sanctuariser le progrès).

" Il est donc important, de réfléchir, à froid, avant qu’il ne soit trop tard, aux sujets qu’un seul vote majoritaire du peuple ne pourrait suffire à trancher. On devrait d’abord et ce serait passionnant, faire la liste de tels sujets, qui seraient sanctuarisés, en les inscrivant dans la constitution. En particulier, une génération devrait y réfléchir à deux fois avant de modifier une situation ayant un impact sur les générations suivantes. Il faudrait ensuite modifier la procédure de réforme constitutionnelle, pour s’assurer qu’un vote de circonstances ne puisse avoir des conséquences de long terme non désirées. Toute décision ayant un impact lourd sur le sort des générations suivantes, ne devrait pas pouvoir être prise par une majorité de moins de 60 % des votants, réaffirmée à trois reprises à au moins un an d’écart."

Chacun se rendra compte de l'étrange conception de la démocratie de ce monsieur et plus généralement de la classe politique. (Au passage, pourquoi ne pas appliquer cette théorie au referendum relatif à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes ?) :

En arrivera-t-on à un nouveau vote ? Ce ne sera sans doute pas nécessaire car ainsi que le note très justement T. Ferrier au nom d'un Parti des Européens (que nous découvrons pour la circonstance) :

" Contrairement à ce que disent media et responsables politiques nationaux et européens, l’UE reste pour le moment à 28. Elle ne sera 27 que dans plusieurs années et ce sous réserve que le brexit ait réellement lieu. Car il ne suffit pas de voter en sa faveur à un référendum pour que le dit processus aboutisse."

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2016/06/26/u...

Gérard Dussouy, avec qui nous sommes d'accord sur bien des points (mais pas sur tous), quoique partisan du maintien du RU dans l'UE, développe une analyse intéressante dans Du Brexit à la re-construction européenne :

Le Brexit n’est pas une bonne solution pour le peuple britannique, mais il peut rendre service aux Européens

(...)

En attendant, pour les Européens, en tout cas pour les plus convaincus, le départ du Royaume-Uni peut être une chance de renouveau, parce qu’il entraîne un affaiblissement du « bloc libéral » dans l’UE, et qu’il fait sauter un obstacle dirimant à l’Europe politique.

Ainsi allégée, l’UE peut changer d’orientation. L’Europe doit se re-construire en revenant à ses fondamentaux, en se recentrant sur les intérêts communs de ses peuples. (...)

La question qui reste entière est de savoir comment conduire la re-construction européenne en l’absence de leaders charismatiques et de véritables hommes d’État dans le vieux continent ? À partir de quelles nations aussi, parce qu’il apparaît stratégiquement inconcevable de ne pas s’appuyer sur un noyau dur pour recommencer ? La question vaut, en particulier, pour les Français. Car, chacun le sait, l’Histoire est plus une affaire d’hommes que d’institutions.

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2016/06/27/d...

On n'est pas obligé de partager l'optimisme de Gérard Dussouy au sujet de l'affaiblissement du "bloc libéral" dans l'UE mais y croit-il réellement ? Les divers gouvernants (de droite ou de gauche) tant en France qu'en Allemagne ou Italie se sont prêté, sans difficulté, à l'évolution ultralibérale du monde contemporain n'étant ni plus ni moins que les zélés serviteurs des lobbies mondialistes.

Nous ne croyons pas non plus à une re-construction européenne qui, in fine, ne se recentrera pas sur les "sur les intérêts communs de ses peuples" pour la bonne raison que cette Europe là en est restée au stade économique. Mais les opposants à cette Europe là ne proposent pas, à notre connaissance, de projet mobilisateur alternatif à la société marchande américaine. A supposer que l'Europe de leurs voeux se réalise, quel sera son contenu ? Quel type de société ? Aucune réponse. T. Ferrier, déjà cité, écrit : "Détruire l'UE actuelle, c'est donner raison aux nationalistes europhobes qui empêcheront toute nouvelle tentative, même identitaire. C'est un bien trop grand risque. Il faut assumer désormais une stratégie de subversion révolutionnaire de l'UE. Ne pas hériter de l'UE mais s'en emparer. Ce qui est très différent. Combat pour Bruxelles." Pour hériter d'un champ de ruines ! A quoi bon ? Les plus anciens feraient bien de réfléchir aux raisons des insuccès passés qui ne résultaient pas seulement d'un manque de moyens. Nous croyons au contraire, en tant qu'Européens convaincus, à la nécessité de donner un contenu qui soit une raison de vivre et lutter voire de mourir. Les peuples européens ont besoin d'un mythe mobilisateur en lieu et place de la sinistre société marchande actuelle.

Europe Oui, mais pas seulement !

Leblancetlenoir

lundi, 27 juin 2016

Un « brexit » qui fait mal

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Un « brexit » qui fait mal

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Avec 51.9% des voix, les électeurs britanniques ont finalement choisi de soutenir le brexit, c'est-à-dire d’ouvrir un processus prévu pour durer entre deux et quatre ans et devant aboutir à la sortie du Royaume-Uni de l’actuelle Union Européenne. Contrairement à ce que disent media et responsables politiques nationaux et européens, l’UE reste pour le moment à 28. Elle ne sera 27 que dans plusieurs années et ce sous réserve que le brexit ait réellement lieu. Car il ne suffit pas de voter en sa faveur à un référendum pour que le dit processus aboutisse.

Les causes du succès du brexit.

Elles sont multiples et j’ose même affirmer que tous les électeurs qui ont voté en faveur du brexit ne cherchaient pas nécessairement à ce que leur pays quitte réellement l’Union Européenne. L’électorat est versatile et surtout rarement cohérent. Il peut parfois soutenir en même temps des positions contradictoires.

La principale raison du vote « pro-brexit » est de s’opposer à l’immigration. Le paradoxe est que, en rejetant l’UE, les électeurs envoient un mauvais signal à l’égard des travailleurs européens installés dans leur pays, alors qu’en fait les électeurs visaient les populations aneuropéennes de l’ancien empire colonial installées au Royaume-Uni et contre lesquelles un conservateur comme Enoch Powell s’opposait dans les années 60. Non seulement le « brexit » ne changera rien à la situation migratoire du Royaume-Uni mais il risque même d’aggraver les flux issus du Commonwealth.

Le dernier débat de campagne opposait le maire de Londres, d’origine pakistanaise et de confession musulmane, Sadiq Khan, avec l’ancien maire, anglais de souche, Boris Johnson. Or Khan prônait le maintien dans l’UE alors que Johnson prônait le départ. Il est bien évident que le fait que les partisans les plus acharnés du multiculturalisme et de l’islamotropisme, notamment le Labour, aient soutenu le « remain » a beaucoup fait dans le succès du « brexit ».

Par ailleurs, les actuels dirigeants de l’Union Européenne sont extrêmement impopulaires. La technostructure de Bruxelles insupporte jusqu’aux partisans les plus déterminés d’une Europe politique. Elle n’a aucune légitimité démocratique et ne sert que de bouc émissaire que les dirigeants des Etats utilisent pour s’exonérer de leurs propres responsabilités en période d’élections. Les politiciens comme Juncker, battus dans leur pays ou mis en examen, sont recasés à Bruxelles par leurs équivalents au pouvoir de Paris ou de Berlin. L’Union Européenne ne gagne quasiment jamais les referenda qui la concernent. Songeons au « double non » de la France et des Pays-Bas en 2005, ou du non irlandais au traité de Lisbonne. C’est bien la preuve d’une perte considérable de crédit et d’un rejet croissant qui est plus que légitime objectivement.

Enfin, dernière raison du succès du brexit, le désaveu de David Cameron. Ce dernier, annonçant son départ dans les trois mois, s’est vanté de son bilan, résumé au mariage pour tous, version britannique, et à l’anti-racisme. On notera d’ailleurs sa médiocrité dans la défense du « remain ». Politicien médiocre au final, qui a mis lui-même les clous sur son cercueil politique, il ne sera pas vraiment regretté.

De même, les menaces d’Obama, Soros et autres n’ont pu qu’agacer la fierté britannique et à juste titre. La peur économique, efficace chez les bourgeois, n’a eu aucun effet au sein du prolétariat britannique de souche, qui n’espérant rien, et n’ayant rien à perdre, a osé s’en affranchir. Il s’est au contraire massivement exprimé pour le brexit.

Les conséquences du brexit ?

En premier lieu, la première conséquence est une nouvelle crise de l’Union Européenne. On s’étonnera de l’empressement du président français à vouloir accélérer le brexit réel. Après tout, les dirigeants de l’UE ont l’habitude de faire revoter le peuple quand celui-ci s’exprime contre leurs intérêts. Il s’agit pour Hollande et Merkel d’empêcher la contamination qui risque de toucher surtout la Suède et le Danemark. Car il n’est pas sûr en effet qu’un « swexit » ou qu’un « danxit » ne puissent avoir lieu, vu l’état de l’opinion dans ces pays.

Mais il y a ensuite les conséquences plus concrètes pour le Royaume-Uni lui-même et il n’est pas sûr que son choix politique ait été le plus avisé. L’Ecosse va probablement appliquer au Royaume-Uni ce que ce dernier s’apprête à appliquer à l’Union Européenne. Un nouveau référendum sur l’indépendance se profile et cette fois il pourrait bien aboutir. 62% des Ecossais ont ainsi dit non au brexit. De même, le Sinn Fein a très finement réagi en annonçant sa volonté de rattacher l’Irlande du nord à l’Irlande indépendante pour rester dans l’Union Européenne. Là encore le brexit était minoritaire en Ulster. Cette provocation va certainement relancer le conflit nord-irlandais qui était endormi au sein de l’Union Européenne.

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Enfin, que dire des conséquences économiques. Elles sont difficiles à prévoir. Le Royaume-Uni n’ayant pas l’euro, la crise devrait être limitée mais les agences internationales de notation, Moody comme Standard & Poor, laissent entendre qu’elles vont dégrader la note du Royaume-Uni en lui retirant son triple A. Le taux d’intérêt de la dette britannique va alors augmenter et surtout la capacité du pays d’emprunter à un taux intéressant va diminuer.

Enfin ceux qui ont mis leurs espoirs dans le brexit vont vite déchanter. Les Britanniques, dont leur pays n’était pas membre de l’espace Schengen, vont se rendre compte que l’immigration va continuer. Ce qui est logique puisqu’elle n’a jamais été liée à des décisions de l’Union Européenne mais aux gouvernements de gauche et de droite du Royaume-Uni depuis un demi-siècle. Le Royaume-Uni est peu impacté par la crise actuelle des migrants. Mais cela va peut-être changer. La France annonce en effet qu’elle ne retiendra plus les clandestins qui s’entassent dans Calais. Le « brexit » non seulement n’arrêtera pas l’immigration mais l’augmentera donc. Mais les Polonais ne viendront plus prendre le travail des Pakistanais.

Evoquons enfin les conséquences politiques. Cameron partira en octobre. Il a été douloureusement désavoué par les électeurs. A la tête d’une majorité fragile, les conservateurs conserveront-ils le pouvoir ? Les élections seront-elles anticipées ? Et UKIP ? Artisan parmi d’autres du brexit, mais marginalisé dans la campagne par Johnson et l’aide droitière des Conservateurs, et n’ayant comme but principal que la sortie de l’UE, comment va-t-il évoluer ? Il est probable que non seulement il n’en sortira pas renforcé mais qu’il va sérieusement reculer. Son rôle s’arrête une fois le brexit sur les rails. Farage va donc connaître une probable victoire à la Pyrrhus.

Le brexit aura-t-il réellement lieu ?

Le processus de « brexit » est officiellement lancé du fait même du résultat de ce référendum, mais il n’est pas pour autant accompli. Cela va prendre plusieurs années et cela va être complexe, car c’est inédit. Même si le Royaume-Uni est hors zone euro et hors Schengen, ses liens avec l’Union Européenne sont forts. Que vont devenir les fonctionnaires britanniques de l’UE ? Les députés ? Les accords de libre-échange ? Les relations diplomatiques ? Qu’est-ce que cela implique pour Euro-tunnel. Les questions sont nombreuses.

Il est tout à fait possible que les pourparlers de « brexit » n’avancent pas plus que les pourparlers d’adhésion de la Turquie à l’UE. Le pourrissement est une stratégie classique. Supposons ainsi que le Labour Party gagne les prochaines élections britanniques, face à un parti conservateur implosant entre anti-UE renforcés par ce résultat et pro-UE. 69% des électeurs du Labour ont voté contre le brexit. Même si le Labour n’annoncera pas l’abandon du processus, il peut être amené à le ralentir considérablement.

En outre, si les conséquences du brexit sont trop douloureuses, l’opinion britannique peut se retourner. On a vu le cas en Islande où l’adhésion à l’UE et même à l’euro était très haute lors de la crise mais a ensuite diminué considérablement lorsque la situation s’est améliorée, au point où le processus d’adhésion a même été arrêté et la demande d’adhésion retirée. Qui peut dire dans deux ans si l’opinion publique britannique sera toujours en faveur du départ ? L’idée qu’un nouveau référendum ait lieu dans un ou deux ans pour arrêter le processus de « brexit » n’est pas absurde. Mais il faudra alors que l’UE se fasse discrète et surtout cesse toutes ses propositions  migratoires délirantes.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

Regard sur la Société Post-Brexit

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Regard sur la Société Post-Brexit : Sur la pente du terrorisme domestique…

par Bruno Bertez

Ex: http://www.leblancetlenoir.com

Dans les années 30, beaucoup d’auteurs ont décrit les évolutions des sociétés qu’ils avaient sous les yeux. La plupart des observateurs étaient lucides et mêmes extras lucides comme André Tardieu par exemple. Ils avaient tiré les conclusions logiques, nécessaires, des phénomènes qu’ils observaient. Bien sûr ils n’ont été ni écoutés ni même entendus.

La névrose sociale est une donnée de tous les temps, les peuples vivent dans des mondes faux et fous et ils croient que c’est le monde réel; ils n’ont toujours pas compris que le monde est une construction – imposée par les dominants-une construction qu’il faut démystifier, le monde n’est pas une donnée, c’est un travail, une pratique. Ce que l’on voit n’est qu’un point de départ, il faut creuser, mettre en relation, mettre au jour les articulations cachées qui donnent sens aux évènements disparates et éclatés qui nous submergent.

Le texte ci dessous ( nous faisons référence au texte publié sur notre service juste ci-dessous, repris de FigaroVox) est intéressant en ce qu’il souligne bien l’importance de la question des referendum populaires. Il est évident pour tout le monde que ces consultations déplaisent dans la mesure où elles produisent des résultats qui ne sont pas conformes à ceux qu’attendent les « dominants ».

La comédie démocratique est tolérée tant qu’elle sert de cache-sexe à leurs volontés unilatérales. Quand les résultats ne sont pas ceux qui sont espérées, alors soit on les contourne, soit on les vide de sens. Avant, on a bien pris soin de faire donner l’artillerie de la propagande et des intimidations. Tout cela est maintenant clair.

Il est symptomatique que cette question de la légitimité des consultations populaires se pose maintenant et qu’elle ait besoin de justifications intellectuelles. Il y a toujours un mercenaire du système pour se charger de ce travail. L’exercice scélérat de Jacques Attali, l’hyper mondialiste, qui veut aller au fond des choses et attaquer à la racine cette procédure de consultation d’apparence démocratique, cet exercice en dit long sur l’urgence qu’il y a pour les dominants à reprendre la main ou mieux à ne pas la perdre.

Nous sommes à la veille d’une tentative de coup d’état en Europe, car les dominants ayant compris qu’il s’agissait d’une course de vitesse entre partisans et détracteurs de l’Union, veulent à tout prix modifier les traités et les règles du jeu afin d’accélérer l’intégration et de la rendre concrètement irréversible. C’est le sens des propos de Hollande, Sarkozy et bien sûr Merkel. Les uns veulent accélérer la vassalité et l’autre veut sceller sa domination. On reprend l’ouvrage là où on l’a laissé dans les années 30 et 40.

Pour le moment, les eurosceptiques sont encore soit minoritaires, soit majoritaires, mais divisés comme c’est le cas en France. Cependant qui ne voit que plus la crise dure et plus elle s’approfondit, plus il y a de laissés pour compte et plus le nombre des anti-intégration progresse. C’est en ce sens que nous avons introduit cette idée de course de vitesse : il y a une tendance lourde à la dégradation de la situation des classes moyennes et productives car les pseudo remèdes ne sont que des « kick the can », des reports. Et ils ont pour résultat d’augmenter les risques futurs et la fragilité de nos systèmes. Nous trainons des boulets de plus en plus lourds. En même temps ils détruisent des acquis comme les régimes de retraites et de protections sociales, ce qui fait s’effondrer les consensus. Les gens ont de moins en moins à perdre, ce qui signifie que l’on crée les conditions historiques des révoltes.

La tendance lourde est à l’approfondissement de la crise, cet approfondissement oblige les « dominants » à aller plus loin, toujours plus loin dans l’érosion des niveaux de vie, du contrôle social et de la destruction des libertés/identités. Leur cynisme devient de plus en plus facile à voir, le système lui-même se révèle pour ce qu’il est, au fil de la crise. Peu à peu ces consensus ne subsistent que par la peur, la terreur même si on en juge par les arguments qui ont été utilisés lors des débats pré- Brexit.

Il faut aller plus loin que les Attali et autres et pointer sans hésiter le sens général de l’évolution anti-démocratique : la Vérité, les Valeurs, les Principes sont unifiants, car le symbolique s’impose à tous … sauf aux chiens, aux cyniques.

Pendant les périodes intermédiaires, les luttes se déroulent encore aux marges, aux frontières du système, c’est à dire de façon civilisée, sans violence ouverte, par une sorte de réticence à déclarer vraiment la guerre sociale.

Nous pensons qu’il faut être prospectifs et oser affronter le futur qui découle de la logique : à partir du moment où les « dominants » pratiquent le cynisme, le mensonge, le contrôle social, bref à partir du moment où ils glissent sur la pente de la violence, eux même en justifient l’usage.

La force, la barbarie sont non pas des choix, mais des enchainements. Nos sociétés restent barbares, on le voit avec la multiplication des conflits honteux, mais cachés loin de chez nous.

Notre avenir sur cette pente, c’est le terrorisme domestique.

BRUNO BERTEZ

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Brexit : pourquoi l’UE n’aime pas les référendums sur l’Europe

Par Benjamin Masse-Stamberger

FIGAROVOX/TRIBUNE – Après Jean-Claude Juncker, Jacques Attali a critiqué l’existence même du référendum qui se tient ce jeudi au Royaume-Uni. Pour Benjamin Masse-Stamberger, certaines élites européennes ont la tentation d’«abolir» la démocratie.

Benjamin Masse-Stamberger est journaliste et essayiste, membre fondateur du Comité Orwell. Ancien Grand reporter à l’Express, il est co-auteur notamment de Inévitable Protectionnisme (Gallimard/Le Débat, 2011) et de Casser l’euro pour sauver l’Europe (Les Liens qui Libèrent, 2014). Il tient le blogBasculements.

«Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens.» On se souvient de la sentence de Jean-Claude Juncker, prononcée début 2015, et destinée à faire rentrer les Grecs dans le rang de l’austérité. Depuis un certain temps déjà, les élites européennes ont pris l’habitude de s’asseoir consciencieusement sur les choix des peuples, du «Non» Français au Traité constitutionnel en 2005, au camouflet infligé par les Grecs à la Troïka à l’été dernier, en passant par les votes néerlandais et irlandais.

Jusqu’à présent, les «corrections» apportée par l’oligarchie européenne aux votes populaires intervenaient toujours à postériori, donnant aux électeurs l’impression désagréable – et ô combien justifiée – qu’on ne les avait consultés que pour la forme. Trop voyant. Alors que le risque de Brexit fait passer un souffle glacé dans le cou des Européistes, c’est Jacques Attali, éternel conseiller des Princes, qui a décidé de s’y coller, afin de corriger ce léger défaut de conception. Et éviter la contagion du Brexit à d’autres populations influençables.

Sa solution est simple: il s’agit, ni plus ni moins, que…de supprimer les référendums sur l’Europe!

Un tel référendum, écrit-il sur son blog à propos du Brexit, implique qu’un peuple peut remettre en cause toute évolution considérée jusque-là comme irréversible, telle qu’une réforme institutionnelle, une conquête sociale, une réforme des mœurs. (…) Selon notre conception occidentale du Droit, il existe des progrès irréversibles, (par exemple, la démocratie, la liberté du culte, l’interdiction du travail des enfants, l’abolition de la peine de mort) qu’un vote simple ne peut défaire.»

On aura saisi que l’appartenance à l’Union Européenne faisait partie de ces «progrès irréversibles» que le peuple, fut-il majoritaire, ne devrait pas être en mesure de défaire. «Toute décision ayant un impact lourd sur le sort des générations suivantes, écrit-il encore, ne devrait pas pouvoir être prise par une majorité de moins de 60% des votants, réaffirmée à trois reprises à au moins un an d’écart.»

Exit, donc, les référendums européens. On comprend en creux qu’il serait plus raisonnable de laisser la maîtrise

On aura saisi que l’appartenance à l’Union Européenne faisait partie de ces « progrès irréversibles » que le peuple, fut-il majoritaire, ne devrait pas être en mesure de défaire.

Celles-là même qui nous ont vendu cette «mondialisation heureuse» qui, grâce au «doux commerce», devait éradiquer le fanatisme et la violence. Avec le succès que l’on sait. Les mêmes, également, qui ont conçu l’architecture de cette Europe-là, si bien pensée pour résister à toutes les tempêtes. Si solide, qu’elle fut finalement la plus déstabilisée par la crise financière, pourtant d’origine américaine. Si efficace, qu’elle a plongé le continent dans la récession et la déflation. Si protectrice qu’elle a fini par confier les clés de sa politique migratoire à Recep Erdogan, le président Turc.

Ce n’est bien sûr pas un hasard si cette proposition vient d’un membre éminent de nos chères élites hexagonales, proche de François Hollande, et grand défricheur d’idées nouvelles. Car, après nos amis Anglais, s’il est un pays qui pourrait être tenté par la sortie, c’est bien le nôtre, tant il est dans la ligne de mire des directeurs de conscience de Bruxelles et de Berlin. On l’a vu, en effet, avec en particulier la loi El-Khomri, dont l’essayiste Coralie Delaume a bien montré qu’elle était une réponse directe aux désidérata de Bruxelles. Seul hic: les Français commencent à réaliser plus précisément d’où viennent leurs problèmes. Et à comprendre que sortir de la centrifugeuse européenne devenue folle, pourrait bien être le seul moyen de rompre avec quarante années d’impuissance et de rétrécissement. Aussi le plus simple est-il sans doute d’opérer de manière préventive: empêcher le Frexit avant même qu’il puisse être envisagé.

Big Brother avait énoncé : « La guerre c’est la paix, la liberté, c’est l’esclavage, l’ignorance, c’est la force ». A ce tryptique, on pourra désormais ajouter un ultime précepte : « La dictature, c’est la démocratie ».

Aussi une certaine rhétorique employée par nos élites masque-t-elle mal la volonté d’extraire du champ de la délibération populaire, une part croissante de décisions qui pourtant, concernent nos concitoyens de manière vitale. Interrogé sur le site du Monde, Attali s’est ainsi permis d’ajouter: «Il y a des choses irréversibles en démocratie, cela s’appelle le progrès». Big Brother, lui, avait énoncé: «La guerre c’est la paix, la liberté, c’est l’esclavage, l’ignorance, c’est la force.». A ce tryptique, on pourra désormais ajouter un ultime précepte: «La dictature, c’est la démocratie.»

http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2016/06/23/31002-20160623ARTFIG00246-brexit-pourquoi-l-ue-n-aime-pas-les-referendums-sur-l-europe.php

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Brexit: Jacques Attali appelle à « sanctuariser » la dictature!

par Olivier Demeulenaere

Non, évidemment, il ne le dit pas comme ça. En des termes bien choisis, il appelle seulement – si je puis dire – à « sanctuariser le progrès ». Et le progrès, c’est l’Union européenne, vous l’avez compris… Pour Attali, donc, il ne devrait pas être autorisé qu’un référendum – qualifié avec mépris de « simple vote du peuple » et même de « vote de circonstances » – puisse défaire une grandiose usine à gaz, aussi détestable et régressive soit-elle. Vraiment qu’ils sont beaux, les raisonnements des élites autoproclamées. Surtout quand ces mêmes élites nous assuraient il y a quelques années que l’Europe était irréversible et qu’elles pètent de trouille aujourd’hui… OD

« Le référendum britannique, quel qu’en soit le résultat, constitue un tournant idéologique majeur dans l’histoire de l’Occident. Un tournant vers le pire, si l’on n’en pèse pas toutes les conséquences. Jusqu’ici, on considérait certaines évolutions institutionnelles, économiques, sociales, scientifiques, comme des avancées telles que, une fois qu’elles étaient installées, nul ne chercherait plus jamais à les remettre en cause, même pas par un vote démocratique. Avec le vote sur le Brexit, c’est ce principe, non-dit et pourtant essentiel, qui est remis en cause.

D’abord, en posant cette question, David Cameron, permet à d’autres pays de l’Union qu’ils ont eux aussi le droit de se poser la même question, de défaire ce que leurs pères ont fait. On ne pourra donc plus prétendre que le projet européen avance à des vitesses variables, dans une direction unique, et il faut admettre que l’Europe peut désormais assumer un désir de se défaire.

Plus largement, un tel referendum implique qu’un peuple peut remettre en cause toute évolution considérée jusque-là comme irréversible, telle qu’une une réforme institutionnelle, une conquête sociale, une réforme des mœurs.

Certes, il a toujours été admis qu’en principe, en démocratie, le peuple peut décider de tout. Il n’empêche : selon notre conception occidentale du droit, il existe des progrès irréversibles, (par exemple, la démocratie, la liberté du culte, l’interdiction du travail des enfants, l’abolition de la peine de mort) qu’un vote simple ne peut défaire. Admettre qu’on puisse remettre en cause des acquis, revient à nier la notion même de progrès.

Si on pousse le raisonnement à l’extrême, et certains le font déjà, on considérera que c’est la notion même d’accumulation du savoir qu’on peut remettre en cause. Depuis des siècles, le progrès scientifique consiste à échafauder de nouvelles théories qui dépassent les actuelles sans les contredire : la science peut dépasser Darwin, c’est-à-dire inclure sa vision de l’histoire du vivant dans une conception plus vaste, mais pas le nier. Et surtout pas par une décision politique, extérieure au règne de la raison.

Admettre que rien n’est acquis, peut conduire, à revenir au temps où la raison et la liberté étaient écrasées par la foi et le fatalisme et, en utilisant les armes de la démocratie, à la détruire.

Il est donc important, de réfléchir, à froid, avant qu’il ne soit trop tard, aux sujets qu’un seul vote majoritaire du peuple ne pourrait suffire à trancher.

On devrait d’abord et ce serait passionnant, faire la liste de tels sujets, qui seraient sanctuarisés, en les inscrivant dans la constitution. En particulier, une génération devrait y réfléchir à deux fois avant de modifier une situation ayant un impact sur les générations suivantes. Il faudrait ensuite modifier la procédure de réforme constitutionnelle, pour s’assurer qu’un vote de circonstances ne puisse avoir des conséquences de long terme non désirées. Toute décision ayant un impact lourd sur le sort des générations suivantes, ne devrait pas pouvoir être prise par une majorité de moins de 60% des votants, réaffirmée à trois reprises à au moins un an d’écart (sic).

Certains ne verront dans cette prise de position qu’une tentative désespérée d’une oligarchie dépassée pour maintenir un ordre démodé, en méprisant les désirs des peuples. Il s’agit au contraire de donner aux peuples le temps de réfléchir aux conséquences de ses actes et d’éviter qu’une génération, par caprice, ne détruise ce que les précédentes ont voulu laisser aux suivantes. Dans bien des circonstances, ce genre de mécanismes aurait évité à l’Europe de plonger dans la barbarie. Il pourrait encore se révéler salvateur ».

Blog de Jacques Attali, le 20 juin 2016

https://leblogalupus.com/2016/06/26/regard-sur-la-societe...

Du Brexit à la re-construction de l’Union européenne

En votant pour le Brexit, les partisans du retour au Splendid Isolement ne l’ont pas compris, mais ils ont voté pour la sortie d’une Union européenne qui était sous influence anglaise (ou anglo-américaine pour tenir compte de la relation fusionnelle entre Londres et Washington).

Ces Britanniques n’ont pas réalisé que ce qu’ils reprochent à Bruxelles (immigration massive, chômage et misère des classes populaires, dégradation du système de santé et des services publics, croissance des inégalités, etc.), ils le doivent, d’abord et avant tout, à la politique ultra-libérale conduite par tous les gouvernements anglais depuis Margaret Thatcher, et que Londres s’efforçait de faire appliquer au niveau de l’Union par l’adoption d’un libre-échange toujours plus laxiste, et élargi à des contrées non-européennes. La désarticulation sociogéographique du Royaume-Uni, c’est-à-dire l’opposition entre Londres et la vieille Angleterre industrielle à l’abandon, en est la conséquence la plus visible, et la plus décisive pour le résultat du référendum. De surcroît, les votes contradictoires de l’Écosse et de l’Ulster, qui souhaitent demeurer en Europe, pourraient poser la question de sa continuité historique.

Il faut donc comprendre que derrière le rejet de l’Union européenne, qui relève de la symbolique du bouc émissaire, et qui peut s’expliquer par des réactions xénophobes, le Brexit souligne plus encore le désarroi social d’un pays en grand déclin, victime de l’égoïsme de son propre Establishment, et révèle la crise idéologique qui frappe, à des degrés divers, tous les peuples de l’Union, en termes de choix de société, de politique économique, et même de style de civilisation, face aux défis de la mondialisation. À ce titre, il convient de l’interpréter en évitant les ressentiments, même quand ils sont légitimes, car il ouvre un débat qui dépasse le seul Royaume-Uni.

L’Union européenne transformée et dénaturée par l’influence anglaise

D’une certaine façon, la Grande Bretagne aura bien été le « cheval de Troie » que le général De Gaulle redoutait, dans la mesure où le « passage » du Royaume-Uni dans l’UE, qui aura duré quarante-trois ans, l’a transformée, bouleversée, et même dénaturée.

En effet, sous la pression des Anglais et de leur mentor américain, l’UE a abandonné son principe fondateur de la préférence communautaire, a réduit son tarif extérieur commun à un taux ridicule, et elle est devenue ainsi, de communauté économique qu’elle était, une zone de libre-échange, presque comme les autres, en même temps que l’élève modèle de l’Organisation Mondiale du Commerce. Car c’est bien là, bien plus que dans les sempiternelles demandes des gouvernements anglais de ristournes sur leurs contributions financières, que se situe le « problème anglais » de l’Europe.

Les commissaires anglais de l’Union sont parmi les principaux responsables de son ouverture à tous les flux de la mondialisation. L’un d’entre eux, Lord Brittan, commissaire au commerce de 1993 à 1995, et aux relations extérieures de 1995 à 1999, avait déjà dans ses cartons le projet de traité de libre-échange transatlantique qui se négocie actuellement.

On peut donc espérer, à moins que les dirigeants européens soient plus irresponsables que l’on peut le penser, que le Brexit aura l’immense avantage de faire avorter cette négociation, et que rien ne viendra remplacer le traité qui était envisagé.

Le départ du Royaume-Uni devrait aussi compliquer encore plus l’adhésion de la Turquie, qu’il souhaitait ardemment. En somme, sans ironie aucune parce que c’est tout le paradoxe, comme cela est arrivé d’autres fois, le peuple britannique « file à l’anglaise », pour échapper, ou en pensant croire échapper, à une situation que ses dirigeants ont voulue et créée ; celle d’une Union européenne délabrée par la financiarisation de l’économie, et paralysée par la stagnation organisée de sa construction politique.

Le Brexit n’est pas une bonne solution pour le peuple britannique, mais il peut rendre service aux Européens

On comprend dès lors tout le désappointement de la City et des milieux d’affaires londoniens de devoir quitter, si le Brexit va jusqu’au bout, une UE qui était à leur main. Surtout à un moment où la place boursière vacille, et où elle aurait eu besoin d’alliances continentales.

La victoire du souverainisme risque donc d’être une victoire à la Pyrrhus, tant elle va engendrer de désillusions. L’Angleterre n’a plus d’empire, et, devenue une économie de services, elle n’exporte plus grand-chose. À l’aggravation des difficultés économiques, va s’ajouter la non-résolution de problèmes comme celui de l’immigration, car ce n’est pas l’Union européenne qui a octroyé d’office la nationalité britannique à tous les ressortissants du Commonwealth. Les mesures anti-immigration atteindront, éventuellement, les nombreux Européens installés outre-Manche, et cela compliquera les relations avec les partenaires continentaux. Lesquels n’auront plus de raison d’enrayer les flux venus du Sud et qui se dirigent vers la Grande-Bretagne.

Aux coûts économiques et financiers nouveaux vont s’agréger les incertitudes politiques et, peut-être, l’instabilité gouvernementale ; autant les Conservateurs que les Travaillistes étaient divisés sur l’attitude à tenir par rapport au Brexit. Au fond, rien ne semble vraiment joué. Et comme le processus de sortie du Royaume-Uni de l’UE est long, entre deux et quatre ans, il faut s’attendre à des surprises quant à la future teneur des relations entre les deux entités.

En attendant, pour les Européens, en tout cas pour les plus convaincus, le départ du Royaume-Uni peut être une chance de renouveau, parce qu’il entraîne un affaiblissement du « bloc libéral » dans l’UE, et qu’il fait sauter un obstacle dirimant à l’Europe politique.

Ainsi allégée, l’UE peut changer d’orientation. L’Europe doit se re-construire en revenant à ses fondamentaux, en se recentrant sur les intérêts communs de ses peuples. De ce point de vue, le Brexit peut aussi avoir un effet salutaire dans les prochains mois en tant qu’exemple de ce qu’il ne faut pas faire, parce que finalement contreproductif pour le peuple britannique. De quoi refroidir, partout ailleurs, les velléités nationalistes et l’euphorie souverainiste actuelle.

La question qui reste entière est de savoir comment conduire la re-construction européenne en l’absence de leaders charismatiques et de véritables hommes d’État dans le vieux continent ? À partir de quelles nations aussi, parce qu’il apparaît stratégiquement inconcevable de ne pas s’appuyer sur un noyau dur pour recommencer ? La question vaut, en particulier, pour les Français. Car, chacun le sait, l’Histoire est plus une affaire d’hommes que d’institutions.

vendredi, 24 juin 2016

Brexit of niet?

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Brexit of niet?

Brief aan  De Standaard <hoofdredactie@standaard.be>

Geachte redactie,

Wat is het grote gebrek van Europa, meer in het bijzonder van de EU? Het gebrek is dat het louter en alleen gaat over materiële, zakelijke dingen: handel, geld, uit-en invoer, sociale wetgeving, subsidies, quota van dit en quota van dat en zo kunnen we nog een tijd doorgaan. Welnu, materiële dingen zaaien noodgedwongen verdeeldheid. Kijk maar naar hoeveel ellende zaken zoals erfenissen binnen families bijvoorbeeld kunnen veroorzaken. Het enige bindmiddel dat blijvend is, is van geestelijke aard. Ik bedoel, het gevoel dat wij - Europa - in de wereld SAMEN iets te doen hebben, dat wij iets betekenen waarmede wij de andere continenten kunnen verrijken. Noem het met een ietwat groots woord: een gemeenschappelijke boodschap, een roeping. Zolang wij dit niet begrijpen zal de EU nooit iets worden dat goed werkt.
 
Bovendien is de EU zoals ze nu bestaat slecht georganiseerd. Het waren twee grote naties, ik hoef ze niet te noemen, die de eerste viool speelden en nog spelen. Niet zo zeer in het begin, want toen moest Duitsland nog recht krabbelen uit de miserie waarin W.O. 2 het land had achtergelaten. Maar naarmate het materiële herstel vorderde, eiste het zijn rol weer op. En wij kleinen? Wij staan er bij en kijken ernaar. Geheel ten onrechte want  wij, de Benelux (ruim 28 miljoen inwoners, met een historische binding) die naar buiten toe meer met één stem zou moeten spreken - zijn de vierde grootmacht van ons continent. Maar neen, wij staren ons liever blind op transfers van Noord naar Zuid en denken dat bij een splitsing van het land dat probleem automatisch opgelost is.
 
Kortzichtigheid, dorpspolitiek in het kwadraat (met excuses aan mijn overleden oom die jarenlang burgemeester was van een klein dorpje in het Hageland en dit tot eenieders tevredenheid). Daarom dat ik mij telkens erger als bij een of ander opduikend probleem, ik via de media moet vernemen dat Mw. Merkel en Mr Hollande bij elkaar zijn gekomen om zich daarover te beraden. En wij dan? Heeft onze stem geen recht om gehoord te worden? Ik ga akkoord dat het met 28 (of worden het er 27, morgen zullen wij het weten?) rond de tafel moeilijke besprekingen worden. Misschien is het wenselijk dat vooraf enkele landen het voortouw nemen en met voorstellen komen, laten wij dit aanvaarden. Maar waarom moeten het er perse 28 zijn? Als wij nu eens begonnen met DEELfederaties te vormen? De Benelux is daar een mooi voorbeeld van. En er zijn ook nog de Baltische staten, de Visegradlanden, de Nordic Council, enz… die telkens zo’n deelfederatie zouden kunnen vormen om, na beraadslaging, met één, politiek gestaafd  standpunt naar voren te komen. Een vergadering met, laten wij veronderstellen, 10 landen zou dan al heel wat vlugger en gemakkelijker verlopen. Dit zou de aanloop kunnen zijn (dat kan men overigens al lezen in het Verdrag van Rome, 1950, waarin de pioniersrol van de Benelux duidelijk vermeld staat), van een langzame maar zekere evolutie naar een echte Europese federatie. Waren wij niet het sterkst toen wij, helaas, in de al te beperkte periodes van de historie verenigd waren en de kern van Europa vormden? Vergeten wij het niet: het gaat niet om een materieel Europa, het gaat in de grond om het al of niet overleven van onze beschaving. En laten wij dit gezeur over “onze identiteit” maar voor wat het is, ik heb er de laatste weken meer dan voldoende over gehoord. Wie zegde het weer: onze identiteit bestaat er in dat wij er geen hebben…?

Met vriendelijke groeten.

Vik Eggermont,
Hoofdredacteur van “De Brief uit de Rijn-, Maas-, Schelde-delta"
Hoogpadlaan 72
2180 Ekeren

lundi, 20 juin 2016

Brexit. Quel Brexit?

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Brexit. Quel Brexit?

Dominique Baettig
Médecin, Ancien Conseiller national
Ex: http://www.lesobservateurs.ch
 

L’heure de la sortie ( Brexit) s’approche ?  Il est permis de l’espérer et même de s’en réjouir quand on voit la déliquescence de l’Union européenne, son incapacité à faire respecter des règles et des limites  face à la déferlante migratoire, son hystérie grave anti-russse (deux poids deux mesures dans la lutte anti-hooligans), sa frénésie de sanctions contre les politiques des gouvernements récemment entrés dans l’Union et encore trop souverains. Sans parler des soutiens ambigus aux groupes islamistes syriens et l’ingérence militaire en Afrique. L’Union européenne ne fait pas envie, elle menace, sanctionne, exige, démonte, endette, impose une austérité qui ne profite pas à la population mais aux créanciers, on l’a vu en Grèce, où une pseudo opposition de gauche « souverainiste » s’est couchée pour pouvoir rester dans la Prison Centrale dont on ne peut s’échapper sans sanctions lourdes. Les anglais quitteront-ils  l’Union par un vote? On peut  malheureusement en douter car le Système ne permettra pas de retour démocratique, « populiste », en arrière. On vient de voir comment un candidat souverainiste autrichien, pourtant favori, s’est fait barrer l’accès par une coalition multicolore (rouge, verte, migrante, féministe, islamophile)  dans des conditions de dépouillement du vote par correspondance franchement douteuses et qui donneront lieu à un recours.

Parmi les stratégies de ceux qui ne veulent pas de souveraineté, tout, dans le domaine de la propagande émotionnelle, est permis. Le pâle parti UKIP (copie édulcorée de l’UDC), libéral, immigrationiste sélectif et partisan, à la Thatcher, d’une sortie light de l’Union en défendant un tout petit mieux les intérêts anglais se liquéfie à la première provocation violente. Un déséquilibré tire sur une députée anglaise en disant, parait-il « Britain First » et déjà les partisans du référendum se ramollissent : non, nous sommes gentils, pas nationalistes, nous aimons les migrants qui travaillent et concurrencent les indigènes fatigués, pas assez innovants. Nous resterons dans l’Union, nous ne sommes pas amis du Front national  français qui lui-même diabolise une partie de ses militants et refuse de collaborer avec d’autres souverainistes européens. Pas grand-chose à redouter de tels adversaires vite déstabilisés et manipulables pour la machinerie européenne et les milieux de la spéculation qui jouent sur des sondages favorables à la sortie pour engranger quelques bénéfices à cette occasion. Les partis politiques sont empêtrés dans le Système et ne feront rien de concret ou de sérieux. C’est aux citoyens européens de se réapproprier l’Economie locale de proximité, la démocratie directe pour mettre le maximum de freins, d’obstacles, de digues, d’encoubles à la libre circulation  des personnes et des services et au développement du Grand Marché européen, bientôt Transatlantique. Et tout faire pour arrêter les guerres d’ingérence au Proche-Orient, en Afrique du Nord qui  alimentent la migration illégale. Tout faire aussi pour mettre un terme à l’hystérie antirusse de l’Otan. Résistons, pour la paix, le respect mutuel, la démocratie et la souveraineté nationale, la promotion d’une politique de coopération et pas de sanctions et de menaces. Et ne nous laissons pas impressionner par les profiteurs qui annoncent avec le Brexit, la fin du Monde.

La construction européenne doit être revue, redimensionnée,  devenir vraiment fédéraliste et démocratique.

Le Brexit sera une opportunité pour remettre en route un processus inspiré du modèle suisse pour permettre aux citoyens européens de sortir de l’Empire.

Dominique Baettig  ancien Conseiller national, militant souverainiste,  Delémont.

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lundi, 13 juin 2016

L'Union Européenne déclare la guerre à la liberté d'expression sur Internet

  • Les opposants affirment que cette initiative est, en réalité, une offensive contre la liberté d'expression en Europe. La définition bruxelloise des expressions « discours de haine » et « incitation à la violence » est si vague qu'elle inclut virtuellement tout ce qui relève du politiquement incorrect aux yeux des responsables européens, y compris la critique de la politique migratoire, de l'islam ou de l'UE elle-même.

  • Certains membres du Parlement européen ont qualifié le code de bonne conduite en ligne de l'UE –les contenus « choquants » seront retirés de l'Internet dans les 24 heures - d'« Orwellien ».

  • « En décidant qu'un commentaire 'xénophobe' sur la crise des migrants peut être qualifié de 'raciste', Facebook considère que la majorité des peuples européens... à une perception « raciste » de la situation ; la majorité des Européens a donc être condamnée comme 'raciste' » — Douglas Murray.

  • En Janvier 2013, Facebook a suspend le compte de Khaled Abu Toameh après qu'il ait écrit sur la corruption au sein de l'Autorité Palestinienne. Le compte a été réouvert le jour suivant, mais sans les deux posts incriminés et sans explication.

L'Union européenne (UE), en partenariat avec Facebook, Twitter, YouTube et Microsoft, a rendu public, le 31 mai 2016, un « code de conduite » pour lutter « contre la diffusion en ligne de discours de haine illégaux en Europe ».

Les partisans de cette initiative ont fait valoir que les récents attentats terroristes à Paris et à Bruxelles, obligent à réprimer les « discours de haine » qui sont au cœur de la propagande djihadiste en ligne.

Les opposants affirment que cette initiative est, en réalité, une offensive contre la liberté d'expression en Europe. Les définitions bruxelloises du « discours de haine » et de l' « incitation à la violence » sont si vagues qu'elles incluent virtuellement à peu près tout ce qui relève du politiquement incorrect aux yeux des responsables européens, y compris la critique de la politique migratoire, l'islam ou l'UE elle-même.

Certains membres du Parlement européen ont qualifié d'« Orwellien » le nouveau code européen de bonne conduite en ligne de l'UE, lequel exige que les contenus « choquants » soient retirés de l'Internet dans les 24 heures pour être remplacés par un « contre discours».

Ce « code de conduite » a été rendu public le 31 mai par un communiqué de la commission européenne, l'exécutif non élu de l'Union européenne. Le « code de conduite » indique :

« Les entreprises des technologies de l'information signataires de ce code de conduite s'engagent à continuer la lutte contre les discours de haine illégaux en ligne. Elles poursuivront notamment la mise au point de procédures internes et assureront la formation du personnel pour que la majorité des signalements valides puissent être examinés en moins de 24 heures et, s'il y a lieu, pour retirer les contenus visés ou en bloquer l'accès ».

« Les entreprises concernées s'efforceront aussi de renforcer leurs partenariats actuels avec les organisations de la société civile, lesquelles contribueront à signaler les contenus favorisant les incitations à la violence et à la haine. Par ailleurs, les entreprises des technologies de l'information et la Commission européenne entendent poursuivre leurs travaux pour élaborer et promouvoir des contre-discours indépendants, ainsi que des idées et des initiatives nouvelles, et pour soutenir les programmes éducatifs qui encouragent l'esprit critique ».

Des extraits du « code de conduite » précisent :

« Les entreprises des technologies de l'information partagent également la volonté de la Commission européenne et des États membres de l'UE de lutter contre les discours haineux illégaux en ligne. Au sens de la décision-cadre 2008/913/JAI du Conseil du 28 novembre 2008 sur la lutte contre certaines formes et manifestations de racisme et de xénophobie au moyen du droit pénal et des lois nationales qui la transposent, on entend par discours haineux illégaux toute incitation publique à la violence ou à la haine visant un groupe de personnes ou un membre d'un tel groupe, défini par référence à la race, la couleur, la religion, l'ascendance, l'origine nationale ou ethnique...

« Les entreprises des technologies de l'information soutiennent les efforts déployés par la Commission européenne et les États membres de l'UE pour relever le défi consistant à garantir que les plateformes en ligne n'offrent pas de possibilités de propagation virale des discours haineux illégaux diffusés en ligne. La propagation des discours haineux illégaux en ligne a des répercussions négatives non seulement sur les groupes ou les personnes qu'ils visent, mais aussi sur ceux qui s'expriment en faveur de la liberté, de la tolérance et de la non-discrimination dans nos sociétés ouvertes, et nuit au discours démocratique sur les plateformes en ligne.

« Si l'application effective des dispositions qui criminalisent les discours haineux dépend de l'existence d'un système solide d'application de sanctions pénales aux auteurs de ce type de discours, elle doit être complétée par des actions visant à garantir que, dès réception d'un signalement valide, les intermédiaires en ligne et les plateformes de médias sociaux agissent rapidement, dans un délai approprié, pour contrer les discours haineux en ligne. Pour être considéré comme valide dans ce contexte, un signalement ne devrait pas être trop imprécis ou indûment justifié.

« Les entreprises des technologies de l'information, agissant en fer de lance contre la propagation des discours haineux illégaux en ligne, sont convenues avec la Commission européenne d'un code de conduite qui définit les engagements publics ci-après :

  • « Les entreprises des technologies de l'information mettent en place des procédures claires et efficaces d'examen des signalements de discours haineux illégaux diffusés via leurs services de manière à pouvoir retirer les contenus concernés ou à en bloquer l'accès. Elles établissent des règles ou des lignes directrices internes précisant qu'elles interdisent la promotion de l'incitation à la violence et aux comportements haineux.
  • « Les entreprises des technologies de l'information examinent la majorité des signalements valides en moins de 24 heures et, s'il y a lieu, retirent les contenus visés ou en bloquent l'accès.
  • « Les entreprises des technologies de l'information et la Commission européenne, conscientes de la valeur des voix indépendantes qui s'élèvent contre la rhétorique haineuse et les préjudices causés par celle-ci, entendent poursuivre leurs travaux pour élaborer et promouvoir des contre-discours indépendants, ainsi que des idées et des initiatives nouvelles, et pour soutenir les programmes éducatifs qui encouragent l'esprit critique ».

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L'accord prévoit également que les entreprises des technologies de l'information mettent en place, dans chacun des 28 Etats membres de l'Union européenne, un réseau de « rapporteurs de confiance » pour signaler des contenus en ligne qui font la promotion « de la violence et des comportements haineux ».

Vĕra Jourová, commissaire européenne pour la justice, les consommateurs et l'égalité des genres, a soutenu cette initiative :

« Les récentes attaques terroristes nous rappellent à quel point il est urgent de lutter contre les discours de haine en ligne. Les médias sociaux font malheureusement partie des moyens utilisés par les groupes terroristes pour radicaliser des jeunes, et par les racistes pour répandre la violence et la haine. L'accord conclu constitue une avancée importante pour qu'Internet reste un lieu d'expression libre et démocratique, dans lequel les valeurs et les législations européennes sont respectées. Je me félicite de l'engagement pris par les leaders mondiaux des technologies de l'information d'examiner la majorité des signalements valides en moins de 24 heures et, s'il y a lieu, de retirer les contenus visés ou d'en bloquer l'accès ».

Tous ne sont pas d'accord. En Grande Bretagne, l'Association laïque nationale (National Secular Society ; NSS) a averti que les projets de l'Union européenne « reposent sur une définition vague du 'discours de haine' et représentent une menace pour les débats en ligne qui critiquent la religion ». La NSS a ajouté :

Cet accord intervient au beau milieu d'accusations répétées de la part d'ex-musulmans qui se plaignent d'être constamment censurés par les réseaux sociaux. Le Conseil des ex-musulmans de Grande Bretagne a commencé la collecte des cas de personnes censurées sur Facebook pour des propos « athées, laïques ou relevant de leur position d'ex-musulmans » à la suite de notifications de masse organisées par des « cyber djihadistes ». Ils ont demandé à leurs adhérents de rapporter les détails et les preuves de tous les types de pages et groupes qui ont été « bannis ou suspendus de Facebook pour avoir critiqué l'islam et l'islamisme.

Le responsable de la communication de NSS, Benjamin Jones a déclaré :

Loin de lutter contre le cyber djihad, l'accord risque d'avoir exactement l'effet inverse et de piéger tout débat critique sur la religion avec une étiquette de « discours de haine ». Les équipes peu ou mal formées de Facebook et Twitter, elles-mêmes en butte à leurs propres a priori idéologiques, peuvent considérer une critique acerbe de l'islam comme un discours de haine, surtout si des cyber-islamistes agissant en bande organisée, ciblent certaines pages ou certains utilisateurs.

Dans un entretien accordé au média en ligne Breitbart London, le président de l'ONG Index on Censorship, Jodie Ginsburg, a déclaré :

« Dans la plupart des pays d'Europe, les lois qui prétendent lutter contre le discours de haine sont trop larges et ambiguës. L'accord ne propose pas de définition satisfaisante du "discours de haine" et ne garantit pas la protection de la liberté d'expression.

« Une fois de plus, le pouvoir de déterminer et de sanctionner ce qui relève du discours de haine est délégué à des entreprises non élues. On étouffe ainsi la liberté d'expression en croyant rendre le monde plus sûr, Mais le monde ne deviendra pas plus sûr. Les idées et les opinions inacceptables deviendront souterraines, là où il deviendra plus difficile de les réprimer - ou de les questionner.

« La suppression de points de vue jugés impopulaires ou offensants a eu des précédents. Mais l'accord qui vient d'être signé risque d'amplifier le nombre de controverses concernant des suppressions de contenus – certes légales –mais qui se produiront via un abus ou un mauvais usage du processus de notification»

Deux collectifs d'associations de défense de la liberté d'expression, European Digital Rights et Access Now, ont annoncé leur décision de ne plus participer aux discussions avec la Commission européenne en raison de leur manque « de confiance dans le code de conduite irréfléchi qui a été mis au point ». Un communiqué en forme d'avertissement a été rendu public :

« En résumé, le "code de conduite" fait de la loi une règlementation de seconde zone, et confère un "rôle moteur" aux entreprises privées qui se voient priées de mettre en œuvre arbitrairement leurs conditions de service. Cette procédure, établie en dehors de tout cadre démocratique, met en place des règles de responsabilité peu claires pour les entreprises du Net. Elle crée également des risques sérieux pour la liberté d'expression, dans la mesure ou des contenus légaux, mais controversés, courront le risque d'être supprimés en raison de ce mécanisme de désactivation volontaire et déresponsabilisé ».

« Cela signifie que cet "accord" entre une poignée d'entreprises et la Commission européenne est susceptible d'entrer en violation avec la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne (en vertu de laquelle toute restriction sur un droit fondamental doit être prévue par la loi), et jettera à bas, toute la jurisprudence construite par la Cour européenne des droits de l'homme sur la liberté de parole. »

Janice Atkinson, députée européenne indépendante de la région sud-est de l'Angleterre, a résumé les choses ainsi : « C'est Orwellien. Quiconque a lu 1984, voit la fiction devenir réalité ».

Avant même de signer le code de conduite de l'Union européenne, les grands réseaux sociaux ont allègrement réprimé la liberté d'expression, souvent à la demande des gouvernements étrangers.

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En Septembre 2015, la chancelière allemande Angela Merkel a été entendue - grâce à un micro laissé ouvert – demander en direct au PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, ce qu'il comptait faire pour bloquer les critiques de sa politique de porte ouverte à l'immigration.

En janvier 2016, Facebook a lancé une « Initiative de courage civique en ligne » (Online Civil Courage Initiative) pour inciter les usagers de Facebook en Allemagne « à combattre les discours de haine et l'extrémisme sur Internet ».

Sur le site de Gatestone Institute, le commentateur anglais Douglas Murray a remarqué que l'assaut lancé par Facebook contre « la parole raciste » semble « inclure la moindre critique de l'actuelle politique d'immigration catastrophiques de l'Union européenne ».

Il écrit :

« En décidant que des commentaires "xénophobes" , faits en réaction à la crise, sont également "racistes", Facebook fait de l'opinion de la majorité des Européens (qui, il faut le souligner, sont contre la politique de la Chancelière Merkel,) une opinion "raciste" et condamne donc la majorité des Européens considérés comme "racistes". C'est une politique qui va contribuer à pousser l'Europe vers un avenir désastreux ».

Facebook a également ciblé les contributeurs du Gatestone Institute. En Janvier 2013, Facebook a suspendu le compte de Khaled Abu Toameh après qu'il ait rendu compte de la corruption qui règne au sein de l'Autorité Palestinienne. Le compte a été réouvert le jour suivant, mais sans les deux posts incriminés et sans explication.

Abu Toameh écrit :

« C' est encore de censure dont il est question. Ils décident de ce qui est acceptable. Maintenant, nous devons faire attention à ce que nous postons et sur ce que nous partageons. Cela signifie-t-il que nous ne pouvons plus critiquer les gouvernements arabes ? »

En Juin 2016, Facebook a suspendu le compte d'Ingrid Carlqvist, expert suédois de Gatestone, après qu'elle ait posté une vidéo Gatestone intitulée « Migrants : une épidémie de viols en Suède ».

Dans un éditorial, Gatestone a écrit :

.. « L'énorme pression exercée par les lecteurs a attiré l'attention des médias suédois qui ont à leur tour critiqué la censure rigide exercée par Facebook. Le rapport de forces s'est alors inversé et Facebook est devenu plus conciliant. Ils ont rétabli le compte d'Ingrid, sans aucune explication, ni excuse. Ironie du sort, l'audience de la vidéo d'Ingrid en a été accrue.

« Facebook et l'UE ont reculé - pour le moment ! Mais leur projet de stopper la diffusion des idées qu'ils n'aiment pas est implacable. Ils reviendront. »

 

L'Union européenne (UE), en partenariat avec Facebook, Twitter, YouTube et Microsoft, a rendu public un « code de conduite » pour lutter « contre la diffusion en ligne de discours de haine illégaux en Europe. Le jour suivant, le compte Facebook d'Ingrid Carlqvist, l'expert suédois de Gatestone a été suspendu, après qu'elle ait posté une vidéo Gatestone intitulée : « Migrants : l'épidémie de viols s'étend en Suède ».

 

Soeren Kern est Senior Fellow au Gatestone Institute de New York. Il est aussi Senior Fellow dans le domaine des politiques européennes au Grupo de Estudios Estratégicos / Strategic Studies Group de Madrid. Suivez le sur Facebook et sur Twitter. Son premier livre, Global Fire, sera publié en 2016.

samedi, 11 juin 2016

Un coup d’État des juges en Pologne, soutenu par l’Union européenne

Bras de fer invraisemblable auquel se livrent, en Pologne, le Tribunal constitutionnel et la majorité politique, issues des élections de juin et d’octobre 2015, incarnée, respectivement, par le président de la République, Andrzej Duda et Beata Szydlo, tous deux membres du parti populiste Droit et Justice (PiS).

À l’origine, la loi relative au Tribunal constitutionnel, adoptée le 25 juin 2015 par l’ancienne législature (dominée par Plateforme civique [PO]), instaurant une procédure spéciale et dérogatoire de nomination des juges constitutionnels. Officiellement, cette disposition « résultait de la nécessité d’assurer la continuité des travaux du Tribunal en période électorale (le mandat de la VIIe Diète [nom de la chambre basse polonaise, NDLR] devant s’éteindre, au plus tard, le 30 novembre 2015)… », selon le juriste Wojciech Zagorski qui ajoute : « On peut douter de la sincérité du motif officiel. En réalité, la majorité sortante venait de perdre le premier tour du scrutin présidentiel et pressentait la défaite aux élections parlementaires prévues pour l’automne. En modifiant le projet de loi relative au Tribunal, la VIIe Diète s’arrogeait donc la possibilité de nommer cinq nouveaux juges constitutionnels. »

Depuis lors, le pays vit suspendu à un échange politique et juridique des plus tendus entre partisans de l’ancienne majorité au pouvoir (le parti PO, qui a gouverné en coalition avec le parti « paysan » PSL), soutenant le président du Tribunal, le professeur de droit Andrzej Rzepliski et les actuels dirigeants dont Duda qui refuse, notamment, d’assermenter trois juges nommés in extrémis par l’ancienne Diète, le 8 octobre 2015. Pour ne pas alourdir le présent propos, nous nous permettrons de renvoyer le lecteur à notre excellent confrère du Visegràd Post qui narre par le menu ce psychodrame politico-constitutionnel insensé au cœur de l’Europe[1].

On pouvait espérer que les choses s’aplanissent avec le temps, le jeu des institutions comme la bonne volonté des acteurs pouvant conduire, sinon à un règlement définitif de ce conflit, du moins à un consensus politico-judiciaire assimilé à une pax romana, voire à un pacte de non-agression… En attendant les prochaines élections.

Mais c’était sans compter sur la Commission européenne qui, le 1er juin, s’est permis de rendre un avis négatif sur l’État de droit en Pologne, étape préalable, selon Frans Timmermans, premier vice-président de la Commission, pour « orienter le dialogue en cours avec les autorités polonaises, en vue d’aboutir à une solution », ce, dans le cadre du « mécanisme de protection de l’État de droit mis en place par l’UE. »

En application de l’article 7 du traité sur l’Union européenne (TUE), cela signifie, de deux choses l’une : soit la mise en place d’un mécanisme de prévention « s’il existe un ‘‘risque clair de violation grave des valeurs [de l’Union]’’» (se traduisant par un avertissement), soit l’enclenchement d’un mécanisme de sanction « si l’on constate ‘‘l’existence d’une violation grave et persistante’’ des valeurs sur lesquelles se fonde l’Union, y compris l’État de droit » (par exemple, suspension du droit de vote au Conseil, sans que l’État ainsi puni ne puisse se dérober à ses obligations, notamment en se retirant de l’UE). Quoi qu’il advienne, ce serait une première dans l’Union européenne.

Un tel scénario illustre, jusqu’à la caricature, le coup d’État de droit auquel participe activement cet illégitime pouvoir sans représentation démocratique qu’est la Commission de Bruxelles. Rien que de très banal, en définitive, car, toute à sa démarche d’intégration forcée, l’UE (et, avant elle, la CEE), par le truchement de la Cour de justice, son bras armé, se livre à une interprétation « téléologique » des traités fondateurs en extrapolant délibérément le sens littéral de ces derniers, dans une finalité purement idéologique. À ce pronunciamiento normatif s’ajoute celui des juges (notamment ceux des cours suprêmes et constitutionnelles des États membres) se substituant sans mandat aux peuples « qui-votent-mal-et-n’entendent-rien-aux-affaires-européennes. »

Comme le souligne pertinemment Olivier Bault du Visegràd Post, « les fonctionnaires non élus de la Commission européenne, outre qu’ils s’ingèrent dans la politique intérieure d’un État membre en prenant clairement parti pour son opposition libérale et européiste, ont décidé de soutenir le pouvoir arbitraire et illimité de juges non élus.[2]»

En outre, au lieu d’épingler la VIIe Diète qui cherchait visiblement à verrouiller le Tribunal constitutionnel par des magistrats inamovibles pour 9 ans (article 194 de la Constitution polonaise) acquis à la future opposition, l’UE s’évertue à enrayer, a posteriori, le processus authentiquement démocratique qui a donné la victoire à un parti certes conservateur (notamment sur le plan des mœurs), mais pas farouchement eurosceptique et plutôt de tendance atlantiste.

Notes:

[1] http://visegradpost.com/fr/2016/04/23/comprendre-le-conflit-autour-du-tribunal-constitutionnel-polonais/

[2] http://visegradpost.com/fr/2016/06/07/commission-europeenne-contre-democratie-polonaise/

mercredi, 08 juin 2016

L’Exode et le Brexit

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L’Exode et le Brexit

Jan Marejko
Philosophe, écrivain, journaliste
Ex: http://www.lesobservateurs.ch
 

Sur le site web américain, « The Imaginative Conservative », Joseph Pearce a publié un bel article sur la possibilité que la Grande Bretagne quitte l’Union Européenne. Il attire l’attention de son lecteur sur les hordes d’experts qui menacent les Anglais des pires conséquences s’ils décidaient de quitter Bruxelles. Les pauvres Anglais  risqueraient de ne plus jouir des bienfaits de la bureaucratie européenne.

Dans le livre de L’Exode, le peuple hébreu, après avoir, pour ainsi dire, effectué son « Egyxit » se retrouve dans le désert et maugrée. Après tout, se dit-il, l’Égypte, c’était tout de même bien chouette. Les Égyptiens prenaient soin de leurs esclaves pour qu’ils travaillassent aux Pyramides. Il y avait de la viande tous les jours et maintenant, dans le désert, on crève de faim. On connaît la suite : la manne, l’ascension de Moïse sur le Sinaï, le Veau d’or.

Michael Walzer, un intellectuel américain de gauche, a écrit un beau livre sur L’Exode comme matrice de tous les mouvements de libération ou, pour mieux dire de tout cheminement d’un peuple vers la liberté. L’Égypte, dans l’imaginaire occidental, c’est la maison de servitude. La quitter, c’est progressivement se libérer. Les Anglais vont-ils, comme les Hébreux autrefois, être assez fous pour sortir de la maison de servitude ? Ils l’ont déjà fait une fois en 1939, suivant Churchill, leur Moïse, grâce à qui ils ont  traversé la Mer rouge de la Deuxième guerre mondiale.

Peut-on vraiment dire que l’EU est une maison de servitude ? Nombreux sont ceux qui l’ont dit et, parmi eux, un dissident de l’ex-URSS, Vladimir Boukovski. Il a passé 12 ans dans un hôpital psychiatrique en raison de ses opinions. Il sait ce qu'est un régime totalitaire et pense que l’EU en est un. Dans un discours en février 2006, il traitait Bruxelles de « monstre » qui doit être détruit au plus vite. Pour comprendre Boukovski, il faut savoir que le totalitarisme n’est pas une dictature, pas un régime autoritaire, encore moins une monarchie ou un empire. Ces distinctions sont ignorées, surtout par les journalistes. L’essentiel est que la servitude n’est pas essentiellement liée à un « méchant » qui empêcherait le peuple de s’émanciper. Elle est dans l’incapacité du peuple à s’arracher aux délices de l’Égypte, à ses marmites de viande, incapacité qui se manifeste dans les grognements du peuple. Après avoir bravement traversé la Mer rouge, les Hébreux ne pourront s’empêcher de regarder en arrière vers la « maison de servitude » et vouloir y retourner en construisant un Veau d’or. La liberté promise par Moïse, non merci ! Mieux vaut revenir à  la sécurité et au confort, aux « marmites de viande » comme il est dit dans la Bible ! De même, aujourd’hui, nombreux sont ceux qui, en Europe, veulent rester avec Bruxelles en raison d’avantages économiques permettant l’extension du consumérisme. La construction européenne, finalement, c’est la construction d’un Veau d’or. Vouloir une vie meilleure, c’est légitime. Mais tout ramener à cela, c’est de l’idolâtrie.

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Les mouvements totalitaires du vingtième siècle, communisme et nazisme, ont grandi, eux aussi, avec des promesses d’une vie meilleure. Jusqu’à la chute du Mur, nombreux étaient ceux qui ne voyaient pas les millions de morts du Goulag parce que Moscou, au moins, nourrissait le peuple et lui permettait, disait-on, de s’émanciper.

Lorsqu’on prête attention à ces promesses de croissance répétées partout et quotidiennement dans la presse et les médias par des gouvernants en quête de légitimité, on peut commencer à comprendre pourquoi Boukovski voit dans l’EU les prémisses d’un régime totalitaire. Un tel régime, c’est comme une glu dans laquelle tout le monde s’englue. Lorsqu’on parle d’intégration aujourd’hui, c’est de cette glu qu’on parle. Pas étonnant que certains ne veulent pas être intégrés !

C’est dans la glu de Bruxelles qu’on veut faire rester la Grande-Bretagne. Après tout, la glu, c’est très pratique. Ça fait tenir des choses ensemble.  Des hommes par exemple, après qu’on les a dépouillés de leur patrie et qu’on les a convaincus qu’il ne s’agit pas d’aller de l’avant mais de rester bien au chaud dans une maison de servitude.

Contrairement à ce qu’on dit, les hommes n’aiment pas toujours la liberté. Comme les Hébreux il y a trois mille ans, ils peuvent préférer  la servitude, le Veau d’or. Nous saurons bientôt si les Anglais le préfèrent aussi.

La leçon du livre de L’Exode est que la liberté n’est pas un état où l’on jouit de ce qu’on a, mais une progression, un mouvement vers l’avant sans même la certitude de parvenir à une terre promise. Celui qui a conduit les Hébreux à travers mille obstacles, Moïse, n’a pu y entrer, dans dans la terre promise.

Jan Marejko, 5 juin 2016

lundi, 06 juin 2016

Turquie musulmane ou Russie chrétienne: l’heure du choix pour l’UE et l’OTAN

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Turquie musulmane ou Russie chrétienne: l’heure du choix pour l’UE et l’OTAN

par Roland Desjardins
Ex: http://www.lesobservateurs.ch

Résumé :

La politique étrangère américaine, centrée depuis la guerre froide sur une hostilité envers la Russie et une alliance contre-nature avec le monde musulman pour nuire à Moscou, se trouve de plus en plus malmenée par le retour en force d’une réalité millénaire et implacable: celle de l’affrontement entre les civilisations chrétienne et islamique. Depuis deux décennies, les évolutions en Turquie et en Russie ont contribué de manière décisive à dissoudre les fondements du modèle géopolitique conçu par Washington il y a septante ans et aujourd’hui caduc. La Turquie d’Erdogan assume à nouveau pleinement l’atavisme de l’hégémonie religieuse et territoriale ottomane. De son côté, la Russie de Poutine renoue avec son identité européenne et chrétienne tout en renonçant à ses ambitions impériales. La prise de conscience de ces profonds changements devrait permettre l’avènement d’un nouveau paradigme où la Russie combattrait à nos côtés la menace musulmane.

La Turquie négocie son entrée dans l’UE depuis onze ans

En 2005 démarraient officiellement les négociations d’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne, lesquelles consacraient les efforts d’Ankara au cours des décennies précédentes pour se rapprocher des valeurs démocratiques, laïques et humanistes de l’UE. Cette année-là, la Turquie, déjà membre du Conseil de l’Europe depuis 1949, de l’OTAN depuis 1952 et de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) depuis 1973, n’avait jamais été aussi proche du destin européen ardemment désiré et méthodiquement préparé par Atatürk.

ataturk-loc.jpgAtatürk voulait faire converger son pays vers le modèle européen

Mustafa Kemal – dit Atatürk – rêvait d’une Turquie moderne. Adepte du positivisme d’Auguste Comte, admirateur du modèle politique français et persuadé que l’islam était responsable du déclin de l’empire ottoman, il imposa à marche forcée la sécularisation et l’occidentalisation de son pays. Légitimé par ses victoires sur les troupes d’occupation européennes stationnées en Turquie depuis la fin de la première guerre mondiale, Atatürk entreprit dès son accession au pouvoir en 1920 des réformes visant à faire sortir son pays du sous-développement où l’avait conduit l’obscurantisme islamique. En 1922, il instaura la séparation entre pouvoir politique (Sultanat) et pouvoir religieux (Califat). L’année suivante, le Sultanat fut dissout et céda la place à la République de Turquie. En 1924, le Califat fut aboli ainsi que les tribunaux religieux. L’année 1926 vit l’adoption du Code civil suisse. En 1928, l’alphabet latin remplaça les caractères arabes. Les femmes accédèrent au droit de vote et à l’éligibilité en 1934. L’année 1937 marqua le point d’orgue de ces réformes : l’article de la première Constitution de 1923 qui proclamait l’islam religion d’Etat fut aboli. Atatürk mourut en 1938 avec la conviction du devoir de modernisation accompli, persuadé qu’en seulement dix-huit ans, il avait réussi à irrémédiablement faire évoluer l’identité turque d’islamique et impériale à laïque et nationale. Le désir obsessionnel d’associer le passé et l’avenir de son peuple à la civilisation européenne le poussa même à manipuler l’histoire : il décréta que les Hittites, peuple indo-européen ayant vécu en Anatolie au deuxième millénaire avant J.-C., étaient les ancêtres des Turcs, se démarquant ainsi de la vérité historique qui rattache ces derniers au groupe ethnique des Turco-mongols dont la lointaine origine se situe en Sibérie orientale.

Ankara incitée par les USA à rejoindre l’OTAN pour contrer l’URSS

Quand le processus de rapprochement entre la Turquie et l’Europe démarre à la fin des années 1940, la guerre froide vient d’éclater. L’objectif prioritaire des Américains est alors de chercher de nouveaux alliés permettant d’élargir l’endiguement de Moscou. La Turquie qui contrôle le détroit du Bosphore est particulièrement indiquée pour renforcer l’alliance antisoviétique. Ce détroit a en effet une grande valeur stratégique : son blocage permet d’interdire le passage en Méditerranée de la flotte militaire russe la plus dangereuse : celle de la Mer Noire qui est stationnée dans le port de Sébastopol dont les eaux ne sont pas gelées en hiver.

refah.jpgPremiers succès politiques des islamistes turcs dans les années 1990

La candidature de la Turquie à l’UE date de 1987 mais ce n’est qu’en 1999 que Bruxelles reconnait l’éligibilité du pays à l’adhésion. Ni le premier succès retentissant des islamistes du Refah Partisi aux élections municipales d’Istanbul en 1994, qui permet à Erdogan de devenir maire de la ville, ni les législatives de 1996 que ces mêmes fondamentalistes remportent également, n’auront inquiété l’UE. Certes, le Refah Partisi a pour projet d’abattre la laïcité et de renouer avec les lois coraniques du temps du Califat. Cependant, les militaires qui au seuil du nouveau millénaire défendent efficacement la laïcité, l’ont contraint à abandonner le pouvoir en 1997. Et ils ont le soutien de la Cour constitutionnelle qui dissout ce parti en 1998 pour atteinte à la laïcité. Un an plus tard, quand la candidature de la Turquie est finalement acceptée par Bruxelles, c’est un rassurant parti de centre-gauche qui dirige le pays. L’UE se dit alors que la poussée électorale islamiste n’aura été qu’un contretemps dans l’inexorable processus de convergence d’Ankara vers le modèle politique européen. Que la Turquie ne soit pas un pays européen du point de vue de la géographie ou de la civilisation ne choque nullement Bruxelles car l’idéologie universaliste hors-sol s’y est alors solidement établie. Comme nous l’avons écrit dans un précédent article, l’UE essaie de construire depuis plusieurs décennies une identité post-historique à partir de dogmes mondialistes détachés de notre héritage européen. Son idéologie prétend dépasser non seulement l’histoire et la personnalité de chacun des pays la composant, mais également la civilisation européenne. La prétention à l’universalité de l’UE va au-delà des frontières européennes. L’UE se conçoit comme un modèle de gouvernance pour le monde entier, et ambitionne d’accueillir en son sein des pays non européens afin d’authentifier son discours.

Erdogan a brisé le rêve laïc de Kemal

Cependant, beaucoup de choses ont changé en Turquie depuis 1999. Tout d’abord le pays est dirigé depuis 2002 par l’AKP, le parti islamiste créé en 2001 par Erdogan et qui prit la suite du Refah Partisi. Quatorze ans après son accession au sommet de l’Etat, l’AKP a déjà défait l’essentiel du travail de laïcisation de Mustafa Kemal. Son fondateur et leader avait pourtant, dans son fameux discours de Siirt de 1999, clairement annoncé ses intentions en reprenant l’appel au djihad du poète Ziya Gökalp : « Les minarets sont nos baïonnettes, les coupoles nos casques, les mosquées seront nos casernes et les croyants nos soldats ! ». Atatürk est très probablement le personnage politique le plus détesté d’Erdogan : le « père des Turcs » n’était pas seulement athée, il méprisait l’islam comme en témoigne cette citation sans appel : « [...] les règles et les théories d'un vieux cheikh arabe, et les interprétations abusives de générations de prêtres crasseux et ignares ont fixé, en Turquie, tous les détails de la loi civile et pénale. Elles ont réglé la forme de la Constitution, les moindres faits et gestes de la vie de chaque citoyen, sa nourriture, ses heures de veille et de sommeil, la coupe de ses vêtements, ce qu'il apprend à l'école, ses coutumes, ses habitudes et jusqu'à ses pensées les plus intimes. L'islam, cette théologie absurde d'un Bédouin immoral, est un cadavre putréfié qui empoisonne nos vies ». Malheureusement, la Turquie du Frère musulman Erdogan-- lequel n’hésite pas à exhiber dans son bureau la main de Tamkine, symbole de la confrérie -- renoue avec l’obsession islamique et les lois liberticides du Califat ottoman. Elle s’est considérablement éloignée des règles européennes en matière de séparation entre Etat et religion, de droits des femmes et des minorités, de pluralisme politique et de liberté d’expression (avec notamment 90% du temps de parole politique à la TV réservé à l’AKP, le pays se classe 151e sur 180 d’après l’étude 2016 de Reporters sans frontières sur la liberté de la presse). Concernant la place des femmes dans la société, le dévot mahométan Erdogan ne peut concevoir qu’elle aille au-delà de la maternité et de l’éducation des enfants. Force est de constater que ce pays n’a plus rien à voir avec celui qui fit sa demande d’adhésion à l’UE en 1987.

Turquie-OTAN-daech-470x331.jpgLa Turquie n’a rien à faire ni dans l’UE ni dans l’OTAN

Sous l’impulsion d’Erdogan et de l’AKP, la Turquie a retrouvé son vrai visage, celui d’une puissance islamique totalitaire aux visées hégémoniques sur les plans territorial et religieux, qui détruisit l’empire byzantin, qui est l’ennemie jurée de la civilisation européenne et cherche à lui nuire par tous les moyens. Comment expliquer autrement qu’Ankara laisse autant de migrants quitter son territoire afin de rejoindre l’UE par mer ou par terre ? Son intention n’est-elle pas de plonger l’Europe dans le chaos en y laissant pénétrer une multitude de jeunes hommes musulmans méprisant les valeurs européennes, et pressés d’y répliquer par l’intimidation et la violence le modèle sociétal islamique ? Par ailleurs, le secret de Polichinelle que constitue l’aide tous azimuts d’Erdogan à l’Etat Islamique dans les domaines logistiques, commerciaux, militaires et du renseignement, ainsi que sa tolérance pour l’ignoble trafic de femmes pratiqué entre l’EI et les proxénètes turcs 1, montrent à quel point Ankara s’est éloignée des valeurs européennes de respect de la personne humaine. Pour renouer avec l’influence de jadis de La Sublime Porte au Proche et Moyen Orient et affaiblir les minorités kurdes, chiites et chrétiennes de la région, les successeurs de Mehmed II collaborent aujourd’hui activement avec la théocratie inhumaine de Daesh. L’appartenance de la Turquie à l’OTAN et son maintien dans un processus d’adhésion à l’UE ne sont plus simplement incongrus, ce sont de véritables scandales.

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Russie et Europe ont vocation à se rapprocher

La Russie, elle aussi, a connu de profonds bouleversements depuis l’écroulement de l’empire soviétique en 1989. Ses ambitions internationales ont été revues nettement à la baisse. Elle n’est plus un empire aux visées mondiales. Ses objectifs stratégiques sont très majoritairement régionaux et centrés sur la défense du territoire national. Son intervention en Syrie est exceptionnelle et ne marque pas un retour à des ambitions planétaires. Pour Poutine, le but de sa campagne militaire dans ce pays est d’y éradiquer par des bombardements intensifs les nombreux groupes islamistes armés et financés par les pays du Golfe, d’Al-Qaïda à l’Etat Islamique en passant par le Front Islamique et le Front Ansar Dine, qui menacent le régime laïque d’Assad, à présent seul allié de Moscou dans le monde arabe. En s’en prenant à tous les djihadistes, Poutine a montré qu’il avait le sens des responsabilités, au contraire des USA, de la France et de la Grande Bretagne qui en soutiennent une partie. De plus, la Russie revendique à nouveau fortement son héritage culturel européen et chrétien, ne menace plus l’Europe et souhaiterait s’en rapprocher si cette dernière prenait son indépendante vis-à-vis des USA.

Les USA prisonniers d’une grille d’analyse géopolitique dépassée

Vingt-sept ans après la chute du mur de Berlin et la fin de l’Union Soviétique, les Américains, architectes et maîtres de l’OTAN, considèrent toujours la Russie comme leur principale rivale. Ils persistent à contrecarrer Moscou par tous les moyens. Il leur a non seulement échappé que la Russie a vraiment changé, mais également qu’un ennemi plus dangereux pour eux et pour tout le camp occidental se renforce : l’islam. Malgré les attentats spectaculaires perpétués par Al-Qaïda sur le sol américain en 2001, en Espagne en 2004, en Grande-Bretagne en 2005. En dépit des récentes attaques terroristes d’envergure perpétrées par l’EI et Al-Qaïda en France et en Belgique.

Washington tarde à saisir qu’une nouvelle ligne de fracture géopolitique se met en place depuis plusieurs décennies : celle qui oppose le monde musulman au monde issu de la civilisation chrétienne. Il faut dire que les Etats-Unis se sont lourdement compromis avec les islamistes qu’ils ont activement utilisés pour contrer les Russes depuis la guerre d’Afghanistan en finançant et armant les Talibans. Leur soutien aux musulmans bosniaques et kosovars pendant la guerre civile yougoslave des années 1990 était aussi une conséquence de leur volonté de nuire indirectement à la Russie en affaiblissant la Serbie, vieille alliée de Moscou. L’aide apportée aux islamistes tchétchènes indépendantistes jusqu’au début des années 2000 participait de la même logique. Tous ces soutiens ont été de graves erreurs car ils ont affaibli la Russie et nourri chez elle une méfiance à l’égard de l’Occident dont elle aurait pu se rapprocher après la désastreuse expérience soviétique. Ils ont de plus renforcé le camp islamique en donnant un nouvel élan au djihad pour des générations de jeunes musulmans en mal de réalisation identitaire. La déstabilisation des régimes laïques par les Américains en Irak, en Lybie et en Syrie a également contribué au renforcement des islamistes les plus violents et à l’essor de l’EI qui a su profiter du chaos pour prendre pied dans ces trois pays.

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Les Européens à la merci d’Erdogan

Comment expliquer que c’est précisément au moment où la collusion entre Erdogan et l’EI est révélée, où le voile se lève sur l’orchestration par Ankara de la crise des migrants en Europe, où s’accentue la répression contre les démocrates laïcs turcs, où Erdogan a l’outrecuidance de vanter le modèle d’organisation politique de l’Allemagne national-socialiste, bref au moment où il y a accumulation de preuves accablantes de l’incompatibilité totale de la Turquie avec les valeurs de l’UE, que Bruxelles décide de reprendre les négociations d’adhésion, d’accorder aux Turcs la libre circulation dans l’espace Schengen, et de verser plusieurs milliards d’euro d’aide supplémentaire à Ankara en contrepartie de son engagement à protéger les frontières orientales de l’UE contre le flot incontrôlé des migrants? Confier la défense des frontières européennes en mer Egée et en Thrace orientale à la Turquie, c’est mettre sa tête dans la gueule du loup. Ankara va bénéficier des milliards de l’UE mais n’a aucun intérêt à ce que le flux des migrants se relâche durablement. La menace de l’irruption massive et continue de nouveaux clandestins doit rester réelle afin de pouvoir être utilisée pour faire chanter l’Europe. La Turquie gère très habilement la crise des migrants afin d’obtenir le silence de l’UE sur l’islamisation à marche forcée des institutions séculières turques, la régression des libertés et l’oppression des minorités, mais aussi pour gagner en influence en Europe tout en la déstabilisant et en l’islamisant.

Par ailleurs, l’accès imminent à l’espace Schengen accordé aux détenteurs de passeports turcs va aggraver les désordres migratoires et augmenter le risque d’infiltration de terroristes en Europe. Tout d’abord, la fin des visas signifie que l’émigration d’authentiques Turcs souhaitant s’implanter en Europe pour y bénéficier de meilleurs salaires et d’aides sociales généreuses va s’accélérer. Ensuite, l’émigration illégale vers l’UE de personnes qui ne sont pas d’origine turque mais établies en Turquie ou transitant par ce pays va aussi s’intensifier. En effet, d’après les spécialistes de l’antiterrorisme, les passeports turcs peuvent être aisément obtenus et falsifiés par les réseaux du crime organisé 2. Enfin, le manque de fiabilité des passeports turcs permettra à de nombreux islamistes terroristes de pénétrer sans encombre dans Schengen.

La Turquie a toujours été l’ennemie de la civilisation européenne

Enfermés dans un schéma géopolitique dépassé, accrochés à leur vision d’une Turquie laïque qui n’existe plus, les dirigeants des USA et de l’UE, en s’obstinant à traiter le nouveau sultanat ottoman en pays ami, se décrédibilisent et mettent l’Europe en péril. La Turquie d’Erdogan est notre ennemi. La Turquie a toujours été l’adversaire du camp occidental depuis le XIe siècle. Il faut se rendre à l’évidence : avec Erdogan, lequel vient de se faire construire le plus grand palais jamais bâti et de fêter en grande pompe entouré de centaines de milliers de compatriotes le 563ème anniversaire de la prise de Constantinople, elle vient de renouer avec son esprit de conquête qui en fit le fer de lance de l’impérialisme musulman et l’empire le plus puissant du monde du XVe au XVIIe siècle.

Américains et Européens doivent impérativement tirer les conséquences de la duplicité et de la dangerosité d’Erdogan. La Turquie de 2016 est entrée dans une nouvelle phase de son histoire. La parenthèse kémaliste est bien refermée. Ce pays est redevenu une force islamiste hostile à notre civilisation qui fait tout ce qu’elle peut pour affaiblir et subjuguer l’Europe.

Un nouveau paradigme géopolitique mûrit sa formation et devrait bientôt survenir

Aujourd’hui, il y a concordance entre ce que l’histoire de la longue durée nous enseigne sur la vocation des Turcs à travers le temps, à savoir l’impérialisme territorial et religieux, et l’observation des agissements d’Ankara depuis l’avènement du néo-sultan Erdogan. Le manque de clairvoyance des dirigeants actuels de l’UE et de l’OTAN confine à la sottise. Les négociations d’adhésion de la Turquie à l’UE sont insensées et doivent être annulées. La candidature d’Ankara doit être rejetée pour incompatibilité civilisationnelle radicale. La Turquie doit également être expulsée de l’OTAN avant que ses provocations de l’armée russe en Syrie ne déclenchent un affrontement contre-nature entre l’OTAN et la Russie.

Quant aux relations entre l’Occident et la Russie, elles doivent être, à l’initiative des Européens, repensées en profondeur. Ces derniers, qui ont le plus à perdre du statu quo actuel, doivent impérativement se libérer de l’absurde russophobie imposée par Washington qui les conduit à percevoir Moscou comme un ennemi héréditaire et non comme un allié potentiel contre l’adversaire commun qu’est l’islam conquérant.

Ces décisions lucides et courageuses devront être prises par une nouvelle génération de responsables politiques en Europe et aux USA. Elles permettront au nouveau paradigme géopolitique en cours de maturation de finalement s’imposer dans un éclair au terme du long processus d’émiettement progressif de l’ancien ordre mondial hérité de la guerre froide. Seul un tel basculement pourra empêcher la Turquie de devenir sur le long terme la puissance démographique et politique dominante au sein de l’UE, ce qui lui permettrait alors de réaliser son objectif ancestral de soumettre l’Europe et de lui imposer l’islam.

Roland Desjardins (nom connu de la rédaction), 2 juin 2016

1 : L’Etat Islamique, Samuel Laurent, éditions du Seuil, 2014

2 : Valeurs Actuelles, No 4147 du 19 au 25 mai 2016

samedi, 21 mai 2016

Union européenne : un projet aux origines… américaines!...

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Union européenne : un projet aux origines… américaines!...

par Caroline Galacteros

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un article de Caroline Galactéros, cueilli sur son site Bouger les lignes et consacré aux origines américaines du projet d'union européenne... Docteur en science politique et dirigeante d'une société de conseil, Caroline Galactéros est l'auteur de  Manières du monde, manières de guerre (Nuvis, 2013).

Union européenne : un projet aux origines… américaines

La campagne anglaise du Brexit est l’occasion pour nos cousins Britanniques de s’interroger sur les origines du projet européen pour comprendre les modalités de cette intégration ad hoc qui n’a jamais su trancher entre les deux modèles classiques que sont la confédération et la fédération. Avec un Parlement que d’aucuns jugeront très sévèrement, plus préoccupé d’organiser le ballet de lobbyistes de tous poils missionnés pour infléchir sa déjà trop molle consistance que de représenter un « peuple » européen introuvable, avec surtout une Commission européenne tentaculaire qui réunit des pouvoirs à la fois exécutif, législatif et judiciaire, l’Union européenne ressemble de plus en plus dans son fonctionnement à une Union soviétique dont l’idéologie serait un néolibéralisme anglo-saxon mâtiné d’ordolibéralisme allemand. Ce cocktail paradoxal et détonnant a été préparé consciencieusement et méthodiquement depuis le Traité de Rome (ou plutôt les deux traités) instaurant en 1957 la Communauté économique européenne (CEE) et la Communauté européenne de l’énergie atomique (Euratom). S’étant étendue largement et rapidement aux anciennes républiques socialistes soviétiques depuis 20 ans, l’Union européenne est aujourd’hui bloquée dans son fonctionnement, incapable d’apporter la cohérence politique nécessaire pour transformer le Vieux continent en « Europe-puissance ». A la faveur de la crise migratoire – qui a révélé spectaculairement la faiblesse politique et la vulnérabilité culturelle de l’Union –, la renaissance d’un réflexe souverainiste diffus, déformé et instrumentalisé par des populismes parfois inquiétants, s’affirme rapidement dans plusieurs pays. Au Royaume-Uni, mais également en France, en Finlande, aux Pays-Bas, en République Tchèque, en Hongrie ou en Pologne, l’euroscepticisme gagne du terrain. Face à cette défiance croissante des peuples européens devant une hydre bruxelloise invasive mais impuissante, les dirigeants s’aveuglent ou se braquent, tels Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, qui avait déclaré dans un entretien au Figaro le 29 janvier 2015 sur fond de crise grecque : « il n’y a pas de choix démocratique contre les Traités ». Surprenante et très inquiétante formule …

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En réalité, cette embolie progressive de la construction européenne pourrait trouver en partie ses origines dans un défaut de jeunesse irrémédiable que le journaliste britannique Ambrose Evans-Pritchard a récemment décrit avec lucidité et que l’on pourrait résumer ainsi : l’Union européenne est moins un projet européen tourné vers l’avenir qu’un projet américain inscrit dans le cadre de la Guerre froide et d’une vision d’un monde unipolaire dominé par l’hégémon des USA. Ainsi influencée par Washington – ce que l’affaire du TAFTA montre très bien – et sortie de l’Histoire pour ne demeurer qu’un immense marché commercial et un ventre mou politique et culturel, l’Union européenne n’est que le bloc oriental d’une vaste Otanie qui s’étend désormais de l’Alaska aux Pays Baltes.

Dans The Telegraph, Ambrose Evans-Pritchard rappelle ainsi comment les Etats-Unis ont largement financé la construction européenne et comment ils se sont servis de ces fonds pour en contrôler le cours et menacer quand il le fallait les prétentions à l’indépendance de certaines nations européennes – à commencer par la France gaulliste !

Nous reprendrons dans cet article les illustrations d’Evans-Pritchard à l’appui de cette thèse d’une Grande Otanie.

  • La déclaration Schuman du 9 mai 1950, qui a donné le ton de la réconciliation franco-allemande et préparé le Traité de Rome, a été largement commanditée par le secrétaire d’Etat américain Dean Acheson à une réunion à Foggy Bottom. Le directeur de cabinet de Robert Schuman a ainsi déclaré que « tout avait commencé à Washington », rappelant au passage que les Etats-Unis avaient menacé en septembre 1950 de couper les financements du plan Marshall face aux réticences de Paris.
  • Jean Monnet est souvent vu comme le Père fondateur d’une Europe fédérale. On oublie trop souvent qu’il passa le plus clair de son temps aux Etats-Unis et a été pendant la Guerre les yeux et les oreilles de Franklin D.Roosevelt. Le Général de Gaulle le considérait comme un agent américain, ce que la biographie d’Eric Roussel (1) confirme peu ou prou en détaillant la manière dont le héraut du fédéralisme européen travailla avec les différentes administrations américaines.
  • Les documents déclassifiés des archives du Département d’Etat américain ont assez peu fait l’objet d’analyses étendues. Il y aurait pourtant du grain à moudre ! Ces textes montrent sans équivoque comment la construction européenne a été largement financée par la CIA et comment Washington a fait pression pour que les Britanniques prennent part à l’aventure, de sorte à servir de “cheval de Troie” à leurs cousins de l’autre rive de l’Atlantique.
    • Ainsi, un mémorandum américain du 26 juillet 1950 décrit la campagne de promotion destinée à favoriser l’instauration d’un véritable Parlement européen. Ce texte est signé du Général William J. Donovan, chef du American wartime Office of Strategic Services, “ancêtre” de la CIA.
    • L’organisme de la CIA chargé de surveiller le processus d’intégration européenne était l’American Committee for a United Europe (ACUE), dirigé par Donovan. En 1958, un an après la signature du Traité de Rome, ce Comité de la CIA a financé 53,5% des fonds destinés aux organisations européennes fraichement instituées (CEE et Euratom).
    • D’après Evans-Pritchard, plusieurs papiers attestent du fait que les agents de la CIA mis à la tête de l’ACUE considéraient les « Pères fondateurs de l’Europe » comme de « petites mains » auxquelles ils avaient fortement déconseillé de trouver des financements alternatifs pour la construction européenne de sorte à ne pas affaiblir la mainmise de Washington.
    • Un mémo daté du 11 juin 1965 demande au vice-président de la CEE de poursuivre coûte que coûte le projet d’une Union monétaire européenne, mais de manière furtive, en empêchant tout débat, de sorte que « l’adoption de telles propositions finisse par devenir inéluctable ».

Cette influence américaine sur le destin du Vieux continent pouvait se comprendre dans le contexte de la Guerre froide et de la mise en oeuvre du « containment » de l’URSS décidée par le président Truman à partir de 1947. Néanmoins, il est probable que les peuples européens n’ont pas alors mesuré, et ne mesurent pas plus aujourd’hui l’étendue de cette emprise américaine. La puissance du Deep state américain (i.e “l’Etat profond” pour reprendre le concept utilisé notamment par le politiste Peter Dale Scott) et notamment des Services de renseignement était telle qu’elle laissait peu de place au déploiement de démocraties européennes fondées en premier lieu sur la souveraineté des différents peuples du continent. Or, c’est l’Union européenne qui a servi ce projet américain, ce qui laisse une marque indélébile sur la crédibilité démocratique et l’indépendance de cette organisation. Pis, si nous savons aujourd’hui une partie de ce qui se passa réellement aux débuts de la construction européenne, il faudra attendre encore longtemps pour découvrir avec précision le rôle que jouèrent les Etats-Unis dans l’extension de l’UE aux ex-Républiques socialistes et soviétiques, de conserve avec celle de l’OTAN, de 1991 à aujourd’hui. A cette aune, les futurs historiens mettront sans doute en perspective le rôle joué par la crise ukrainienne de 2014-2015, inscrite dans cette consolidation d’une vaste Otanie qui aille le plus à l’Est possible. L’ancien Directeur du renseignement à la DGSE, Alain Juillet, l’a reconnu assez clairement dans une récente interview accordée au magazine ParisMatch.

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Reste la question anglaise… Il est évident que l’identité britannique, profondément marquée par son insularité tant géographique que culturelle, est par essence et depuis l’origine peu perméable à une quelconque forme de soumission à une logique ou à des structures continentales. Mais précisément. L’Angleterre qui a toujours préféré “Le Grand large” et s’est fort longtemps et en bien des domaines alignée sur les ambitions et positions américaines sans états d’âme, rend son positionnement actuel d’autant plus signifiant. Elle fuit manifestement la déroute continentale non pour condamner la renaissance souverainiste des États européens mais contre l’autoritarisme des structures bruxelloises qui cumulent les handicaps de la rigidité administrative technocratique et celle d’une patente faiblesse politique et économique. L’importance accordée à la notion de « souveraineté » dans le débat sur le Brexit et non seulement aux aspects économiques de ce possible bouleversement européen, illustre parfaitement cette conscience politique des Britanniques et aussi peut-être une relative autonomisation par rapport à Washington. L’idée d’être aux ordres d’une Europe dont l’inspiration vient de Washington mais dont les gardes-chiourmes se trouvent à Berlin plus encore qu’à Bruxelles dépasse l’entendement anglais. So shocking. Il paraît que Sa Majesté la Reine Elizabeth pencherait elle-même du côté du Brexit ...

Caroline Galactéros (Bouger les lignes, 13 mai 2016)

(1) ROUSSEL, Eric, Jean Monnet, éd. Fayard, 1996.

vendredi, 13 mai 2016

Le château de cartes européen

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Le château de cartes européen

Ex: http://www.leblancetlenoir.com

L'Europe américaine sera-t-elle mise à mort par ceux-là même qui étaient censés la régénérer ? L'on peut sérieusement se poser la question quand on voit le divorce grandissant entre l'UE et les pays d'Europe centrale et orientale, fers de lance de la "Nouvelle Europe" si chère aux néo-cons. Le pied droit de Washington donne des coups au pied gauche et c'est tout le système vassalique européen qui risque de tomber. On comprend qu'Obama préfère penser à autre chose en jouant au golf...

Rappelons d'abord que la construction européenne fut, dès le départ, un projet américain. Des archives déclassifiées montrent que les soi-disant "pères de l'Europe" - Schuman, Spaak ou le bien-nommé Monet - travaillaient en réalité pour les Etats-Unis. Pour Washington, il était en effet plus aisé de mettre la main sur le Vieux continent par le biais d'une structure globale noyautée de l'intérieur que de négocier pays par pays avec des dirigeants indépendants.

La chute du Mur et l'intégration à l'UE des anciennes démocraties populaires n'étaient que le cache-sexe de l'avancée de l'OTAN vers la Russie. Mieux encore, ces pays nouvellement libérés de la tutelle soviétique et férocement anti-russes pour des raisons historiques compréhensibles étaient susceptibles d'établir un nouveau rapport de force très favorable aux Etats-Unis au sein de l'UE face à certaines poussées de fièvre frondeuse toujours possibles de la "vieille Europe" (De Gaulle, Chirac et Schroeder...)

Or, au moment où les institutions européennes sont noyautées et soumises comme jamais aux désidératas US, le château de cartes est en train de s'écrouler... Ce sont d'abord les sanctions anti-russes qui ont créé une brèche. Si elles furent accueillies avec des transports de joie par la Pologne et les pays Baltes, leur réception en Hongrie, en Slovaquie et même en République tchèque fut bien plus mesurée, c'est le moins qu'on puisse dire. Première cassure au sein de la "nouvelle Europe".

Et maintenant, la question des réfugiés pourrait bien sonner l'hallali. La Pologne, pays ô combien pro-US, refuse tout à fait d'obéir aux injonctions des institutions elles aussi ô combien pro-US de Bruxelles. Diantre, Brzezinski n'avait pas prévu ça...

Varsovie, ainsi que Budapest ou Bratislava, rejettent totalement ce qu'ils considèrent comme un diktat de Bruxelles et ses menaces d'amende (250 000 euros par réfugié refusé). Les mots sont intéressants :

  • Jaroslaw Kaczynski, chef du PiS au pouvoir : "Une telle décision abolirait la souveraineté des Etats membres de l'UE. Nous refusons cela car nous sommes et serons en charge de notre propre pays".
  • Peter Szijjarto, ministre hongrois des Affaires étrangères : "La menace d'amende de la part de la Commission est du chantage pur et simple".

Notons en passant la naïveté confondante de ces dirigeants qui croyaient apparemment benoîtement que l'entrée dans l'UE allait préserver la souveraineté de leur pays...

Il n'en fallait en tout cas pas plus pour que le système se mette en branle. La mafia médiatique occidentale a glosé sur la "manifestation monstre" de... 240 000 Polonais (sur 40 millions !) contre le gouvernement et pour l'Europe. Toute ressemblance avec des événements (le Maïdan par exemple) ayant existé serait le fruit de la plus pure coïncidence.

Le fidèle lecteur de ce blog aura été prévenu avant tout le monde, dès le mois de janvier, sur la possibilité d'une révolution colorée en Pologne :

La nouveauté est que, d'arme offensive à l'assaut de l'Eurasie, la "révolution colorée" se transforme de plus en plus en moyen coercitif défensif pour faire rentrer dans le rang des pays théoriquement alliés mais qui ont de dangereuses tendances à l'émancipation. Cela en dit long sur le reflux US. Il y a une décennie, les "révolutions de couleur" visaient à encercler la Russie - Ukraine, Géorgie, Kirghizstan etc. Depuis deux ans, elles sont beaucoup moins ambitieuses et ont surtout pour objectif de colmater les brèches d'un système qui prend l'eau : Macédoine (pour empêcher le passage de l'extension du Turk Stream), Hongrie (pour tenter de mettre au pas l'électron libre Orban, peu soumis à l'UE et susceptible de se rapprocher de Poutine).

Le dernier exemple en date pourrait bien être la Pologne du PiS, parti conservateur démocratiquement élu et peu en odeur de sainteté à Washington, donc à Bruxelles. C'est notamment ce que pense un journaliste d'investigation polonais réputé, Witold Gadowski. Le parallèle avec le Maidan ukrainien est en effet troublant.

Diabolisation du gouvernement dans le caniveau les médias occidentaux, protestations de rue (pour l'instant assez légères), grandes sorties d'hommes de paille du système sur la "dictature" qui s1111111'installerait en Pologne (la palme de la crétinerie revenant à l'ancien Premier ministre belge qualifiant le PiS de "nazis"). Quand tous ces gens (dont l'inévitable Soros) se mettent à prendre des grands airs, il y a du coup d'Etat dans l'air...

Et dans un addendum le jour suivant :

Certains lecteurs doutent de la réalité d'un Maidan polonais en recourant à un argument de bon sens : le PiS étant anti-russe, quel intérêt y aurait-il pour Washington et Bruxelles à déstabiliser la Pologne ? Au premier regard, l'argument fait mouche. Au premier regard seulement...

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Il y a anti-russe et anti-russe. Le PiS n'a certes aucun penchant pour Moscou, mais il n'en a pas beaucoup plus pour Bruxelles. L'anti-russisme du PiS, c'est l'anti-troyisme d'Achille face à Hector : deux ennemis déclarés, mais qui se respectent et ont une certaine estime l'un pour l'autre. Au-delà de leurs différends, Poutine et Kaczynski partagent beaucoup de valeurs : même attachement sourcilleux à leur souveraineté nationale, même conception de la société (plutôt conservatrice et religieuse, familiale avec mariage hétérosexuel) ; ils sont tous deux atterrés par ce qu'ils considèrent comme étant la décadence civilisationnelle des pays occidentaux, la perte de leurs racines, morale et culture.

Kaczynski frère avait accepté l'invitation de Poutine en 2010, une sorte de paix des braves entre deux pays souverains. Et hop, un accident d'avion tombe à point nommé pour ne pas aller plus avant dans le réchauffement des relations polono-russes. Le défunt est remplacé par le clown américano-polonais Donald (sic) Tusk, libéral malléable et gluant aux ordres directs de Washington. Le système pousse un grand ouf de soulagement...

Et voilà que ça recommence avec l'autre frère ! La récente victoire du PiS a fait sonner quelques alarmes rouges à Bruxelles et outre-Atlantique, c'est certain. Des leviers, notamment médiatiques, ont été actionnés, on le voit. Les croisés des "révolutions de couleur" sont sortis de leur retraite. Il n'est pas sûr que cela finisse en Maidan polonais, mais ne pas s'interroger relèverait d'une grande naïveté.

http://www.chroniquesdugrandjeu.com/2016/05/le-chateau-de...

mardi, 10 mai 2016

TTIP – Auf dem Weg in die Sklaverei?

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TTIP – Auf dem Weg in die Sklaverei?

Seit nunmehr drei Jahren verhandeln EU und USA über ein Freihandelsabkommen. Dieses Abkommen sei vorrangig für die USA, wie Präsident Obama stets betont. Man könnte ihm nachfühlen, schließlich ist die Supermacht nach Bill Gates Worten, der größte Profiteur der Globalisierung. Und möchte es natürlich bleiben. Auf unsere Kosten, zu Lasten unserer Umwelt und unserer Gesundheit, und wie die zuletzt veröffentlichten Greenpeace-Dokumente den lange gehegten Verdacht bestätigen, ist höchste Gefahr in Verzug. Auch was die berüchtigten Schiedsgerichte betrifft.

So ein Abkommen kann natürlich nicht getrennt von der Politik gesehen werden, wie einige TTIP-Verteidiger  aber verlangen. Ja sie meinen gar, die Politik dürfe sich nicht einmischen. Womit mit einer todbringenden Schwächung der Nationalstaaten zu rechnen wäre, souveräne Völker sind ein Hindernis. TTIP ist nichts anderes als ein weiterer Meilenstein auf dem Weg in die Sklaverei, kontrolliert und überwacht  von einer Weltregierung der Banken und Konzerne. Und man erreichte damit  die Installierung eines einzigen Souveräns in Gestalt  des internationalen Kapitals.

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Nachfolgend die Presseaussendung des überparteilichen österreichischen EU-Austrittskomitees zu den nun veröffentlichten Greenpeace-Papieren:

TTIP: Nur der EU-Austritt schützt Österreich sicher!

Überparteiliches EU-Austritts-Komitee zur Veröffentlichung streng geheimer Verhandlungspapiere

Zeiselmauer (OTS) – Die Enthüllung der bislang geheimen Papiere über das so genannte Freihandelsabkommen TTIP bestätigt das, wovor Kritiker schon längst warnten: TTIP wird die – ohnehin schon niedrigen – Lebensmittel-, Umwelt-, Konsumenten- und Tierschutzstandards der EU noch weiter senken und Massen an US-Gentechnik- und Klonfleisch-Produkten auch nach Österreich bringen. „Der sicherste und wahrscheinlich einzige Weg, diesem Monsterabkommen zu entgehen, ist der Austritt Österreichs aus der EU. Erst dann kann unser Land als souveräner Staat sein Schicksal wieder in die eigenen Hände nehmen“, erklärt heute Inge Rauscher, die Bevollmächtigte des überparteilichen EU-Austritts-Volksbegehrens, welches letzten Juli von mehr als 261.000 Bürgern unterschrieben wurde.

Mag. Klaus Faissner, freier Wirtschafts- und Umweltjournalist, ergänzt: „TTIP bringt – ebenso wie das EU-Kanada-Abkommen CETA – nur Vorteile für Konzerne wie Monsanto & Co. Es ist vorauszusehen, daß die klein- und mittelständige heimische Wirtschaft sowie die österreichischen Bürger dabei völlig unter die Räder kommen. Unabhängige Studien zeigen dies schon lange: Die Tufts Universität in Massachusetts in den USA errechnete z.B., daß TTIP in der EU 600.000 Arbeitsplätze bis zum Jahr 2025 vernichten und zu Einkommensverlusten von 165 bis zu 5.000 Euro pro Person und Jahr führen werde! Auch Steuereinnahmen und Wirtschaftsleistungen würden erheblich schrumpfen.“

EFTA statt TTIP & EU

Das erfolgreiche EU-Austritts-Volksbegehren des Vorjahres war ein erster Schritt zu mehr Wohlstand, höheren Standards und mehr Unterstützung für die heimische Wirtschaft. Jetzt geht es darum, eine Volksbefragung zum Thema zu erreichen. Als wirtschaftliche Alternative zur EU und zu TTIP & Co gibt es die Europäische Freihandelszone EFTA: Sie besteht aus den Nicht-EU-Mitgliedern Schweiz, Liechtenstein, Norwegen sowie Island und hat nach wie vor aktuelle ausverhandelte Abkommen mit Ländern aus aller Welt. Die Mitgliedsstaaten sind politisch in keiner Weise eingeschränkt, und die Landwirtschaft als besonders sensibler Bereich ist ausgenommen. Im Unterschied zur EU geht es hier wirklich um gute Handelsbeziehungen und nicht um das Niederreißen von jahrzehntelang erkämpften Standards.

Noch mehr Tierquälerei, Ausbeutung und Klonfleisch durch TTIP und CETA!

„Diese streng geheim verhandelten Freihandelsabkommen zwischen der USA, Kanada und der EU würden auch weiterer Tierquälerei Tür und Tor öffnen“, ist Tierarzt Dr. Franz-Joseph Plank, Obmann der Tierschutzorganisation ANIMAL SPIRIT, überzeugt. „Noch mehr Freihandel würde Tiere noch rechtloser machen und noch längeren Transporten aussetzen, was auch umweltpolitisch – in Zeiten des Klimawandels – ein nicht hinnehmbarer Wahnsinn wäre. Zudem würden die in der EU ohnehin nicht allzu strengen Tierschutz-Standards weiter reduziert und auf amerikanische Verhältnisse herabgesenkt werden: Monster-Legebatteriebetriebe ab 1 Mio Tieren, Einzelboxen der Kälber oder durchgehende Kastenstandhaltung bei Muttersauen. Außerdem würden uns dann chemische Zusätze und Verfahren in der Lebensmittelproduktion – u.a. die hierzulande in der Landwirtschaft noch verbotene Gentechnik – `beglücken`, ohne Chance dagegen zu klagen! Noch extremere Massentierhaltungen und Tierfabriken wären die `Gewinner` und das seit EU-Beitritt ohnehin immens gewachsene Bauernsterben würde noch weiter verstärkt.“

Wachstums-Hormone und Antibiotika sind in Amerika erlaubt, um eine noch höhere Milchproduktion oder noch schnelleres Wachstum bei den bereits jetzt extrem ausgebeuteten „Nutztieren“ zu erzwingen. Das berühmt gewordene „Chlorhuhn“ kaschiert durch Abtötung von Keimen nach der Schlachtung lediglich noch engere, brutalere und unhygienischere Haltungsbedingungen während der Mastzeit. „Die Lobbys der Fleisch-Industrie wollen das alles `dank` TTIP & CETA auch für den EU-Markt erreichen. Ähnliches gilt für Klonfleisch: Dieses ist in den USA schon jetzt ohne Kennzeichnung in den Regalen, die EU-Kommission möchte dasselbe zumindest für die Nachkommen von Klontieren durchsetzen“, so Dr. Plank abschließend.

Die Mitglieder des überparteilichen EU-Austritts-Komitees fassen zusammen: „Bei TTIP und CETA geht es in Wirklichkeit vor allem um den Abbau aller Standards, egal ob es sich um Umwelt, Lebensmittel, Tierschutz oder Soziales handelt; um private Schiedsgerichte, durch die große Konzerne Staaten verklagen können, weil sie durch strengere Gesetze weniger Gewinne machen würden; um die Prüfung aller neuen Gesetze auf Wirtschaftlichkeit: im sogenannten „Rat für Regulatorische Kooperation“ bekommen Konzerne Gesetzesentwürfe vor den Parlamenten zu Gesicht; und nicht zuletzt geht es um industriefreundliche Zulassungsverfahren: Nicht mehr das Volk oder Politiker würden über die Zulassung entscheiden, sondern alleine Wissenschaftler, die meist eng mit Konzernen zusammenarbeiten bzw. sogar von diesen finanziert werden.“

Rückfragen & Kontakt:

Mag. Klaus Faissner
Dr. Franz-Joseph Plank                                                                                                                office@animal-spirit.at
www.eu-austritts-volksbegehren.at

Zum Thema

Greenpeace zu den Veröffentlichungen                                                                                  https://youtu.be/6hDm8DG5h_s

TTIP und Obama                                                                                                                            https://youtu.be/MQNZLuB6Utc

EU-Austrittsvolksbegehren-Interview                                                                                         https://youtu.be/-bFiyJbTdrU

lundi, 09 mai 2016

Somnolent Europe, Russia, and China

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Somnolent Europe, Russia, and China

Can the world wake up?

By

PaulCraigRoberts.org

On September 19, 2000, going on 16 years ago, Ambrose Evans-Pritchard of the London Telegraph reported:

“Declassified American government documents show that the US intelligence community ran a campaign in the Fifties and Sixties to build momentum for a united Europe. It funded and directed the European federalist movement.

“The documents confirm suspicions voiced at the time that America was working aggressively behind the scenes to push Britain into a European state. One memorandum, dated July 26, 1950, gives instructions for a campaign to promote a fully fledged European parliament. It is signed by Gen. William J. Donovan, head of the American wartime Office of Strategic Services, the precursor of the CIA.”

The documents show that the European Union was a creature of the CIA.

As I have previously written, Washington believes that it is easier to control one government,the EU, than to control many separate European governments. As Washington has a long-term investment in orchestrating the European Union, Washington is totally opposed to any country exiting the arrangement. That is why President Obama recently went to London to tell his lap dog, the British Prime Minister, that there could be no British exit.

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Like other European nations, the British people were never allowed to vote on whether they were in favor of their country ceasing to exist and them becoming Europeans. British history would become the history of a bygone people like the Romans and Babylonians.

The oppressive nature of unaccountable EU laws and regulations and the EU requirement to accept massive numbers of third world immigrants have created a popular demand for a British vote on whether to remain a sovereign country or to dissolve and submit to Brussels and its dictatorial edicts. The vote is scheduled for June 23.

Washington’s position is that the British people must not be permitted to decide against the EU because such a decision is not in Washington’s interest.

The prime minister’s job is to scare the British people with alleged dire consequences of “going it alone.” The claim is that “little England” cannot stand alone. The British people are being told that isolation will spell their end, and their country will become a backwater bypassed by progress. Everything great will happen elsewhere, and they will be left out.

If the fear campaign does not succeed and the British vote to exit the EU, the open question is whether Washington will permit the British government to accept the democratic outcome.

Alternatively, the British government will deceive the British people, as it routinely does, and declare that Britain has negotiated concessions from Brussels that dispose of the problems that concern the British people.

Washington’s position shows that Washington is a firm believer that only Washington’s interests are important. If other people’s wish to retain national sovereignty, they are simply being selfish. Moreover, they are out of compliance with Washington, which means they can be declared a “threat to American national security.” The British people are not to be permitted to make decisions that do not comply with Washington’s interest. My prediction is that the British people will either be deceived or overridden.

It is Washington’s self-centeredness, the self-absorption, the extraordinary hubris, and arrogance, that explains the orchestrated “Russian threat.” Russia has not presented herself to the West as a military threat. Yet, Washington is confronting Russia with a US/NATO naval buildup in the Black Sea, a naval, troop, and tank buildup in the Baltics and Poland, missile bases on Russia’s borders, and plans to incorporate the former Russian provinces of Georgia and Ukraine in US defense pacts against Russia.

When Washington, its generals, and European vassals declare Russia to be a threat, they mean that Russia has an independent foreign policy and acts in her own interest rather than in Washington’s interest. Russia is a threat because Russia demonstrated the capability of blocking Washington’s intended invasion of Syria and bombing of Iran. Russia blunted one purpose of Washington’s coup in the Ukraine by peacefully and democratically reuniting with Crimea, the site of Russia’s the Black Sea naval base and a Russian province for several centuries.

Perhaps you have wondered how it was possible for small countries such as Iraq, Libya, Syria, Yemen, and Venezuela to be threats to the US superpower. On its face Washington’s claim is absurd. Do US presidents, Pentagon officials, national security advisors, and chairmen of the Joint Chiefs of Staff really regard countries of so little capability as military threats to the United States and NATO countries?

No, they do not. The countries were declared threats, because they have, or had prior to their destruction, independent foreign and economic policies. Their policy independence means that they do not or did not accept US hegemony. They were attacked in order to bring them under US hegemony.

In Washington’s view, any country with an independent policy is outside Washington’s umbrella and, therefore, is a threat.

Venezuela became, in the words of US President Obama, an “unusual and extraordinary threat to the national security and foreign policy of the United States,” necessitating a “national emergency” to contain the “Venezuelan threat” when the Venezuelan government put the interests of the Venezuelan people above those of American corporations.

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Russia became a threat when the Russian government demonstrated the ability to block Washington’s intended military attacks on Syria and Iran and when Washington’s coup in the Ukraine failed to deliver to Washington the Russian Black Sea naval base.

Clearly Venezuela cannot possibly pose a military threat to the US, so Venezuela cannot possibly pose an “unusual and extraordinary threat to the national security of the US.” Venezuela is a “threat” because the Venezuelan government does not comply with Washington’s orders.

It is absolutely certain that Russia has made no threats whatsoever against the Baltics, Poland, Romania, Europe, or the United States. It is absolutely certain that Russia has not invaded the Ukraine. How do we know? If Russia had invaded Ukraine, the Ukraine would no longer be there. It would again be a Russian province where until about 20 years ago Ukraine resided for centuries, for longer than the US has existed. Indeed, the Ukraine belongs in Russia more than Hawaii and the deracinated and conquered southern states belong in the US.

Yet, these fantastic lies from the highest ranks of the US government, from NATO, from Washington’s British lackeys, from the bought-and-paid-for Western media, and from the bought-and-paid-for EU are repeated endlessly as if they are God’s revealed truth.

Syria still exists because it is under Russian protection. That is the only reason Syria still exists, and it is also another reason that Washington wants Russia out of the way.

Do Russia and China realize their extreme danger? I don’t think even Iran realizes its ongoing danger despite its close call.

If Russia and China realize their danger, would the Russian government permit one-fifth of its media to be foreign owned? Does Russia understand that “foreign-owned” means CIA owned? If not, why not? If so, why does the Russian government permit its own destabilization at the hands of Washington’s intelligence service acting through foreign owned media?

China is even more careless. There are 7,000 US-funded NGOs (non-governmental organizations) operating in China. Only last month did the Chinese government finally move, very belatedly, to put some restrictions on these foreign agents who are working to destabilize China. The members of these treasonous organizations have not been arrested. They have merely been put under police watch, an almost useless restriction as Washington can provide endless money with which to bribe the Chinese police.

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Why do Russia and China think that their police are less susceptible to bribes than Mexico’s or American police? Despite the multi-decade “war on drugs,” the drug flow from Mexico to the US is unimpeded. Indeed, the police forces of both countries have a huge interest in the “war on drugs” as the war brings them riches in the form of bribes. Indeed, as the crucified reporter for the San Jose Mercury newspaper proved many years ago, the CIA itself is in the drug-running business.

In the United, States truth-tellers are persecuted and imprisoned, or they are dismissed as “conspiracy theorists,” “anti-Semites,” and “domestic extremists.” The entire Western World consists of a dystopia far worse than the one described by George Orwell in his famous book, 1984.

That Russia and China permit Washington to operate in their media, in their universities, in their financial systems, and in “do-good” NGOs that infiltrate every aspect of their societies demonstrates that both governments have no interest in their survival as independent states. They are too scared of being called “authoritarian” by the Western presstitute media to protect their own independence.

My prediction is that Russia and China will soon be confronted with an unwelcome decision:accept American hegemony or go to war.

mercredi, 04 mai 2016

Le Traité transatlantique: un nouveau diktat contre l’Europe

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Le Traité transatlantique: un nouveau diktat contre l’Europe

Auran Derien, enseignant

Ex: http://metamag.fr

L’économie est le néant de l’Être, remplacé par des marchandises, ainsi que la privation de projets, de pensée et d’histoire en faveur des querelles de procédures sans fins et de la vente de tout ce qui pue.

Le diktat transatlantique est entré dans sa phase apocalyptique pour permettre à la finance globalitaire d’envoyer tout le monde au tapis et de se goberger de tout ce qui est encore disponible. Les Hercules de la jactance pieuse appliquent leur obsession habituelle, si vulgaire et si banale, tirée de la Génèse : «Prends la terre et soumets-là».

Après la destruction de l’Europe par les Européens eux-mêmes, durant le XXème siècle, ahuris de propagande par les banquiers de Londres et de Wall Street, il reste effectivement à évincer les Européens de leur terre, à institutionnaliser le pillage par le diktat transatlantique puis, lorsque tout aura été volé, à mettre le point final, le génocide par la submersion des nouveaux venus du vaste monde. Après, les hordes de trafiquants iront recommencer ailleurs….

La destruction massive légale

Tant dans les Parlements qu’à la Commission Européenne quelque chose de monstrueux se passe. L’entrain manque. Le journal The Independant a publié un article que seul Charles Sannat a repris, dans lequel il apparaît quelques éléments obtenus par le groupe indépendant Corporate Europe Observatory (CEO) sur les infamies du diktat transatlantique.

Les champions du monde de la démocratie, de la transparence et de l’honnêteté, les merveilleux fonctionnaires du paradis européen, seraient en fait des charognards de la débâcle face aux goulus globalitaires. Une commission non élue est chargée de fixer les domaines de négociation qui plaisent aux rois du monde, car tous ces sacrés fonctionnaires veulent bien sacrifier l’Europe et sa population mais surtout pas leurs bénéfices. Ainsi, dans le secret, personne ne connaîtra les montants qui leur tomberont dans les poches car, “pas de dollars, pas de traité” selon le principe déjà appliqué en 1917, “pas d’or, pas de révolution bolchévique”…

Le document auquel se réfère le CEO laisse percer une méthodologie de l’obscurantisme qui ne devrait pourtant étonner personne puisque la volonté de tromper, par des accords flous et équivoques, est systématique chez ces Tartufes associés pour dépouiller l’univers. Quelle fut la caractéristique des propositions du Trésor américain, en 1944 à Bretton Woods, pour mettre en place un système monétaire international? La grande économiste anglaise, Joan Robinson, déclara qu’elles étaient aussi claires qu’une énigme policière. La croisade actuelle contre l’Europe reprend la même démarche.

Le juge de paix, une fonction essentielle pour les “Al Capone associés”

Les relations entre les hommes et les choses dominent la mentalité des financiers globalitaires. Leur frénésie marchande transforme tout autre producteur en ennemi absolu et ce combat, expliqua un jour Walter Rathenau (La mécanisation du monde. Dans : Contribution à la critique de notre temps. Aubier/Montaigne, 1972.) est un combat de politique privée. La seule activité qu’aucune révolution, depuis le XVIIIème siècle, ne voulut jamais détruire est la coterie commerciale. La révolution française supprima les corporations qui réglaient les activités économiques et obligea les individus à se dépouiller de toute protection. Cela a duré jusqu’aujourd’hui où le rapport est totalement inversé. D’une activité d’homme libre, le commerce est devenu une activité d’oppresseurs, de tyrans.

Les financiers mondialistes proclamant comme toujours l’avènement du paradis terrestre grâce au marché mondial frénétique, nouvelle nigologie qui a succédé depuis 1989 à l’apologie des soviets, ont un besoin ontologique de la règle mafieuse qui décide entre gangs, entre sectes, entre groupes. Il leur faut à tout prix éviter le rôle du politique, la loi de l’État, loi plus vaste, plus générale que celle du juge de paix mafieux. Car l’idée de bien commun est absente de la perception sectaire, qui voit dans le capital à faire tourner une représentation de l’esprit universel, universellement vide bien sûr mais agressif.

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Le politique avant l’économique reste un principe de fonctionnement des pays du groupe BRICS, ce qui éclaire les raisons de la haine des banksters à leur encontre. L’Europe, dirigée par des larbins à la solde de maîtres étrangers, est destinée à continuer la guerre contre sa population, à accélérer son génocide, à se prostituer aux banksters et autre engeance. Pourquoi les tenants de la finance mondialiste se gêneraient-ils ?  Les membres de la Commission Européenne, comme les dirigeants des États sont tous consentants.

Vive les grandes banques, vive la reine Clinton, l’ogre Obama, le veau dollar, ainsi que la législation qui permet de voler la BNP et Alstom, la Standard Chartered britannique, les banques suisses, Volkswagen, les données et les techniques, etc, etc. Nous vivons dans la criminalité permanente, continuité des pratiques anglaises testées dès le XVIIème siècle. L’inhumanité au nom de l’humanité, voilà devant quoi se prosternent les constipés du bulbe et autres truies répugnantes de la Commission Européenne, éradicateurs de l’Europe par le diktat transatlantique.

lundi, 02 mai 2016

L'ÉTONNANTE INDULGENCE DE L'UE VIS-À-VIS DE LA DÉRIVE "NATIONALE-ISLAMISTE" D'ERDOGAN

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L'ÉTONNANTE INDULGENCE DE L'UE VIS-À-VIS DE LA DÉRIVE "NATIONALE-ISLAMISTE" D'ERDOGAN

par Alexandre del Valle

Ex: http://www.les4verites2brane.com

Tandis que la situation politique et sociale de la Turquie ne cesse de s'aggraver sous l'égide de Reccep Tayip Erdogan, et que celui-ci participe largement à la déstabilisation de toute la région, l'UE continue à faire preuve d'une étonnante indulgence à l'égard de ce pays.

Depuis le début de la guerre civile syrienne, et depuis la dérive autoritaire du néo-sultan Recep Taiyyp Erdogan, presque plus personne n'ose soutenir que le parti de la Justice et de Développement (AKP) au pouvoir à Ankara et son leader charismatique incarnent encore l'espoir d'un "islamisme modéré et pacifique", et que la Turquie moderne vantée par les partisans de son adhésion à l'Union européenne demeure encore un garant de la stabilité au Proche-Orient et de la paix entre le monde musulman et l'Occident, un pont qu'il vaudrait mieux avoir "avec nous que contre nous" selon ses thuriféraires.

En 2002, lors de l'accession au pouvoir de l'AKP en Turquie, les rares voix qui n'étaient pas en extase devant le prétendu équivalent turc (AKP) des "chrétiens démocrates" européens, et ceux qui, comme moi, osaient écrire que la Turquie dans l'Europe serait un Cheval de Troie islamiste (2002) et non pas une garantie de paix et de laïcité, étaient immédiatement rangés dans la catégorie infâme des "turcophobes" et des adeptes du "choc des civilisations" entre l'Occident et le monde musulman, la Turquie réislamisée étant présentée comme une "chance" inouïe de faire en sorte que l'Europe ne soit plus un "club chrétien", gage de paix avec le monde islamique...

Après avoir souligné la caractère absurde et masochiste d'un argument consistant à donner des gages de reniement de ses propres racines spirituelles pour être accepté par une entité qui réaffirme sans complexe les siennes, nous avions annoncé que l'ouverture des négociations avec Ankara en vue de l'adhésion à l'UE déclencherait un double processus de déstabilisation de l'Union européenne - incapable de digérer l'Etat successeur de l'Empire ottoman encore plus nationaliste et aussi peu fairplay que la Grande-Bretagne – et d'affaiblissement-démantèlement du modèle kémaliste-laïc, combattu tant par les islamistes turcs qui le jugent "apostat" que par les eurocrates de Bruxelles et les Etats-Unis qui le trouvaient trop anti-démocratique, militariste et hostile au libéralisme.

Là réside le secret de la longévité du néo-sultan Erdogan: il a réussi à déjouer tous les pronostics de coups d'Etat en utilisant comme boucliers face aux militaires turcs anti-islamistes, le rôle stratégique de la Turquie au sein de l'OTAN, son prétendu désir d'Europe et de réformes, puis sa soi-disant capacité à exporter au Moyen-Orient un modèle d' "islamisme démocratique" soft face au terrorisme jihadiste. Ceci explique pourquoi les stratèges des puissances atlantiques ont empêché l'armée turque de renverser l'AKP d'Erdogan. D'où le fait que le néo-sultan irascible ait pu faire juger et emprisonner moult militaires de haut rang, maints policiers, intellectuels ou journalistes kémalistes laïques, sans que l'armée ne bouge. Aujourd'hui, le pays laïque d'Atätürk n'est plus qu'un vieux souvenir et il laisse la place à une nouvelle Turquie "national"-islamiste", néo-ottomane donc expansionniste.

SOURCE : atlantico 29.04.2016

dimanche, 01 mai 2016

De Jean Monnet à Barack Obama, le rêve fou de l’État mondial

Actualité relativement encombrée au sommet du Babel bruxellois, tout à sa dérive idéologiquement mortifère pour les peuples et les nations d’Europe.

Tout d’abord, ce 26 avril, la Commission européenne exposait sa « nouvelle » vision stratégique concernant la façon dont son action extérieure contribuerait à « aider les migrants à devenir plus autonomes (…) avec un accès à l’éducation et aux moyens de subsistance », selon les mots du Commissaire européen à l’aide humanitaire et à la gestion de crise, Christos Stylianides.

Dans le même temps, se tient, à New-York, le treizième cycle de négociations sur le TTIP, du 25 au 29 avril 2016, la présence de Barack Obama sur le continent européen n’étant donc pas tout à fait fortuite si l’on en juge par ses récentes prises de position, à Londres comme à Berlin, tant à l’encontre du « Brexit » qu’en faveur du TAFTA (« Trans-Atlantic Free Trade Agreement », également connu sous l’acronyme de TTIP, « Transatlantic Trade and Investment Partnership » ou Partenariat Transatlantique de Commerce et d’Investissement).

Renforcement de la porosité des « frontières » extérieures européennes, d’un côté, abaissement – sinon disparition pure et simple – des barrières tarifaires et non tarifaires, de l’autre. Deux mouvements convergents qui, dans une unité de temps remarquable, résument à eux-seuls le grand projet mondialiste de gouvernance mondiale.

Unité méthodologique aussi. Naguère appelée Communauté économique européenne, l’UE dut passer, stratégiquement, par l’étape sectorielle de la CECA (Communauté européenne du charbon et de l’acier), selon un plan imaginé par son principal instigateur, Jean Monnet. Ce dernier considérait, en effet, que « la construction économique devait essentiellement être une étape vers une construction politique (…), notre préoccupation principale [étant] d’arriver à la disparition des souverainetés nationales absolues ». Évacuation du politique, primat de l’économique, logique intégrative, irréversibilité, institutionnalisation, tels sont les piliers aujourd’hui empruntés au « Père » de l’Europe pour bâtir la nouvelle union euro-atlantique, dernière étape avant le grand saut vers le gouvernement mondial. Dès lors, dans cette optique, a-t-on commencé par ouvrir la circulation des personnes (ici celle des immigrants), puis celle des marchandises et des capitaux (le fameux accès aux « marchés publics » américains).

Ainsi, la Commission européenne œuvre pour que « l’Europe reste une destination attrayante pour les migrants dans un contexte de déclin démographique », tout en souhaitant « éliminer [les] droits ainsi que d’autres obstacles au commerce, dont les contrôles administratifs trop longs (…) augmentent les coûts des échanges de marchandises ».

Les rôles semblent d’ailleurs rigoureusement distribués ; à l’UE la gestion des flux migratoires, aux États-Unis, la mise en place d’un marché économique transatlantique intégré. En outre, si la première peut compter sur l’afflux régulier de populations allogènes sur ses côtes, pour rendre impossible toute « ré-émigration » massive éventuelle, les seconds ont pris soin d’emmailler le processus euro-atlantiste dans une série de traités préalables dont l’ignorance du grand public est proportionnelle à son inéluctabilité.

Or, excepté les habituels initiés, qui a entendu parler du CETA (« Comprehensive Economic and Trade Agreement »), cet accord commercial (actuellement rediscuté sur ses marges, notamment sur le recours à l’arbitrage privé) entre l’Union européenne et le Canada conclut le 26 septembre 2014 à Ottawa entre le Premier ministre canadien Stephen Harper et le président de la Commission européenne de l’époque, José Manuel Barroso ? Et qui sait, finalement, que le TISA ou Accord sur le commerce des services (« Trade in Services Agreement »), en discussion depuis 2014, a pour objectif de libéraliser l’intégralité du marché des services, à commencer par ceux faisant l’objet d’un monopole public, soit les services publics ?

Et, dans le plus grand silence médiatique, le traité transpacifique (TPP), a été officiellement signé, le 4 février dernier, à Auckland (Nouvelle-Zélande) entre les États-Unis, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Canada, le Mexique, le Pérou, le Chili, le Japon, la Malaisie, le Vietnam, le Singapour et Brunei…

mardi, 26 avril 2016

Etats-Unis: Une offensive judiciaire globale

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Etats-Unis: Une offensive judiciaire globale

par Jean-Michel Quatrepoint

Source : Fondation Res Publica, Jean-Michel Quatrepoint

Accueil de Jean-Michel Quatrepoint, journaliste économique, membre du Conseil scientifique de la Fondation Res Publica, auteur de “Alstom, un scandale d’État – Dernière liquidation de l’industrie française” (Fayard : août 2015), au colloque “L’extraterritorialité du droit américain” du 1er février 2016.

L’exportation du droit américain, l’extraterritorialité des lois américaines est un processus qui ne date pas d’aujourd’hui. Voilà des années, voire des décennies que les États-Unis développent une stratégie globale d’hyperpuissance en s’appuyant sur un arsenal juridique et en imposant leurs lois, leurs normes, au reste du monde. Il aura fallu l’amende colossale infligée à BNP Paribas (8,9 milliards de dollars) et celle qui, infligée à Alstom (772 millions de dollars), fut la véritable cause, quoi qu’en dise le PDG d’Alstom, de la vente de la division « énergie » à General Electric, pour que nos dirigeants découvrent la réalité d’une guerre économique engagée depuis des décennies. Ils ont ainsi découvert, tardivement, le caractère meurtrier d’un arsenal juridique dont la mise en place remonte à plus d’un quart de siècle.

Dans la décennie 90, après l’effondrement du communisme, les États-Unis vont se doter d’une série de lois qui concernent les entreprises américaines mais aussi toutes les entreprises étrangères. La majorité de ces lois, Trade Acts ou embargos, permettent aux responsables américains du commerce d’identifier et de sanctionner les comportements « injustes et déraisonnables » des acteurs économiques rivaux des Américains.

On peut classer ces textes dans quelques grands chapitres :
Le plus connu aujourd’hui est la lutte contre la corruption, le fameux Foreign Corrupt Practices Act(FCPA) qui s’appliquait aux entreprises américaines qui versaient des pots de vin aux fonctionnaires et aux hommes politiques pour obtenir des contrats. En 1998, ce FCPA est étendu aux entreprises étrangères et il va servir de modèle à la convention OCDE censée réprimer la corruption, notamment en matière de grands contrats.

Symposium Brochure.jpgLe second chapitre est une batterie de lois qui criminalisent le commerce avec les États sous embargo américain. Certaines de ces lois sont bien connues, telles les lois Helms-Burton et D’Amato qui sanctionnent les entreprises commerçant avec l’Iran, Cuba, la Libye, le Soudan etc. (au total il y aura 70 embargos américains à travers le monde). En 2006, un banquier britannique, un des dirigeants de la Standard Chartered, dira : « Putains d’Américains, qui êtes-vous pour nous dire et pour dire au reste du monde que nous ne devons pas travailler avec les Iraniens ? ». Quelques années plus tard la Standard Chartered devra payer 700 millions de dollars d’amende pour avoir commercé avec l’Iran.

Autre chapitre, une batterie de lois criminalisent le commerce avec les pays sous embargo ONU.
Ensuite viendra le blanchiment de l’argent sale des terroristes ou des narcotrafiquants.

Le Patriot Act, édicté en 2001 après l’attaque sur les Twin towers, sous couvert de lutte contre le terrorisme, donne des pouvoirs élargis aux différentes agences pour accéder aux différentes données informatiques.

Enfin la loi Dodd-Frank de juillet 2010 confère à la SEC (Securities and Exchange Commission), le gendarme américain de la bourse, le pouvoir de réprimer toute conduite qui, aux États-Unis, concourt de manière significative à la commission de l’infraction, même lorsque la transaction financière a été conclue en dehors des États-Unis et n’implique que des acteurs étrangers. Cela va donc très loin.

Cerise sur le gâteau, en 2014, le Foreign Account Tax Compliance Act (FATCA) donne au fisc américain des pouvoirs extraterritoriaux qui contraignent les banques étrangères à devenir ses agents en lui livrant toutes les informations sur les comptes et avoirs des citoyens américains dans le monde. Si elles n’obtempèrent pas, 30 % de leurs revenus aux États-Unis sont confisqués et, plus grave encore, elles peuvent se voir retirer leur licence. Or, pour une banque, notamment les plus grandes, ne plus pouvoir travailler aux États-Unis et ne plus pouvoir compenser en dollars équivaut à un arrêt de mort. On a souvent voulu voir derrière le FATCA le moyen pour les Américains de faire enfin plier les banquiers suisses, les « gnomes de Zurich », les obliger à abandonner leur sacro-saint secret bancaire. C’est vrai… mais c’est l’arbre, moral et médiatique, qui cache la forêt. Ainsi, BNP Paribas a été contrainte de fournir dans le cadre de son amende la liste des comptes de ses clients américains et franco-américains. C’est ainsi que des personnes fort respectables, qui ont la malchance d’avoir la double-nationalité mais qui ont toujours gagné et déclaré leur argent en France, sans avoir de revenus aux États-Unis, sont sommées par l’Internal Revenue Service (IRS), le fisc américain, de fournir toutes leurs déclarations d’impôts. Si jamais elles ont payé moins en France que ce qu’elles auraient payé aux États-Unis, l’IRS leur réclame la différence. Cela s’appelle du racket.

Avec le recul, on s’aperçoit qu’il est très difficile de contester chacune de ces mesures : Qui va s’élever contre le fait de lutter contre la corruption… ? De même qui n’est favorable à la répression des narcotrafiquants et du blanchiment de leur argent ? Il en est de même du terrorisme. C’est là toute l’habileté du projet américain théorisé en 2004 par Suzanne Nossel, laquelle a inspiré Hillary Clinton lorsque cette dernière était secrétaire d’État.

C’est la théorie non du soft power mais du smart power, affirmation par les États-Unis d’une vision universelle au nom de leur compétence universelle.

Les États-Unis se vivent comme le nouveau peuple élu. Leurs victoires contre les forces du mal (en 1945 contre le nazisme, plus tard contre le communisme), leurs performances économiques, témoignent de la supériorité de leur modèle. Il est donc normal que tous les autres peuples adoptent ce modèle car la globalisation implique l’uniformisation. Les États-Unis énoncent donc de grands principes, valables pour tous et que tous sont contraints de respecter à travers un arsenal juridique, à travers la puissance du dollar, à travers les technologies qui permettent de tout savoir (on pense à la NSA). Le tout, bien sûr, pour le bien commun.

Cette compétence universelle, par définition, s’applique à toutes les activités humaines. L’offensive contre la FIFA et Sepp Blatter (et par ricochet contre Michel Platini), a été menée par les Anglo-saxons, par les Américains. Une offensive fort habile car chacun sait que la FIFA (Fédération Internationale de Football Association), comme le CIO (Comité international olympique), sont des lieux où le népotisme et la corruption règnent en maîtres. Pour les Américains, il s’agit de faire exploser ce système et de le remplacer par un autre où la puissance américaine sera dominante et imposera ses règles.

Il est très difficile de s’opposer à ce smart power, véritable idéologie qui s’appuie sur la défense des droits de l’homme, la libre concurrence non faussée, le droit des consommateurs, le droit des minorités etc.

Cette stratégie s’appuie également sur les ONG anglo-saxonnes. Ce sont elles qui sont à l’origine de l’affaire Volkswagen. Loin de moi l’idée de défendre Volkswagen et l’industrie automobile allemande mais il est intéressant d’observer comment cette affaire s’est déroulée. Au départ, le lobby automobile européen, dominé par les industriels allemands, avait de très bonnes relations avec la Commission européenne et, évidemment, les normes de pollution et de consommation en Europe ont été fixées avec l’assentiment des constructeurs automobiles. Nous avons tous pu constater que l’affichage des consommations des véhicules ne correspond absolument pas à la réalité sur le terrain. Il se trouve que Volkswagen avait misé sur le diesel, invention essentiellement européenne, pour pénétrer le marché américain. Or, aux États-Unis, les normes anti-pollution pour le diesel sont beaucoup plus rigoureuses qu’en Europe, notamment pour les particules fines (on pourrait parler d’une norme protectionniste). Volkswagen a décidé, pour pénétrer le marché américain avec ses véhicules diesel, d’installer secrètement un logiciel fourni par Bosch. Logiciel qui permettait de masquer la réalité de émissions de particules. Ce truquage est découvert par une ONG américaine qui dévoile l’affaire en 2014 et transmet le dossier à l’agence fédérale de protection de l’environnement. C’est alors que l’affaire commence. Volkswagen, qui a effectivement triché, est piégée. Les media s’en mêlent, la machine s’emballe (48 Class actions, dans 48 États différents). La machine de guerre judiciaire américaine s’est mise en branle et le coût pour Volkswagen, indépendamment du coût pour son image, va se chiffrer en dizaines de milliards de dollars. Volkswagen (tout comme sa filiale Audi) avait énormément misé sur les États-Unis : le marché américain devait être le nouvel eldorado pour le constructeur automobile allemand qui espérait s’implanter aux États-Unis, bénéficier du dollar, d’une main d’œuvre moins chère qu’en Europe pour réexporter ensuite des modèles ou des sous-ensembles sur le marché européen et sur l’Asie. Ambition que l’industrie automobile américaine, en plein renouveau, grâce aux subventions données notamment à General Motors, ne voit pas d’un très bon œil. Est-ce un hasard si l’affaire du petit logiciel de Volkswagen a émergé ? Ce qui va se passer sur l’affaire Volkswagen est important car, si les Allemands plaident coupables, ils ont cependant commis un crime de lèse-majesté début janvier en refusant aux prosecutors et aux enquêteurs américains l’accès à leurs données, notamment sur le sol allemand. En effet, quand la machine judiciaire américaine est en branle (les entreprises qui sont « passées dans la moulinette » en savent quelque chose), les enquêteurs américains déboulent et ont accès à tout, mails, documents etc. Or les Allemands, invoquant la German law, qui interdit la communication de données à des puissances étrangères extérieures à l’Union Européenne, ont refusé de donner l’accès aux documents et aux mails internes à leur siège social. Les Allemands iront-ils jusqu’au bout du bras de fer, refuseront-ils d’obéir aux injonctions de la justice américaine? Cela peut se terminer par l’obligation pour Volkswagen de fermer ses usines aux États-Unis. On est là dans un processus lourd de conséquences.

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Les États-Unis, forts de leur puissance, ont donc développé un arsenal juridique tous azimuts. Ils décident qui peut commercer avec qui. Ils peuvent décider aussi d’éliminer les concurrents. Les entreprises françaises en savent quelque chose avec l’Iran. À la différence de ce qui se passait dans les années 80-90, ils bénéficient de la position du dollar: 78 % des transactions mondiales se font en dollars et tout est compensé par les États-Unis. Comme toutes les transactions en dollars transitent par les États-Unis, toute transaction en dollars est soumise à la loi américaine. Ils ont aussi les écoutes : on a découvert que la NSA et les services américains écoutaient systématiquement tout, y compris les chefs d’État… et personne n’a protesté. Et surtout, cette extraterritorialité devient un extraordinaire businessqui profite d’abord aux Américains. Les amendes proprement dites commencent à atteindre des montants conséquents. Pour les banques, le total des amendes infligées par la justice américaine est de 125 milliards de dollars, dont une bonne partie concerne les banques américaines. Mais les banques américaines ont été condamnées pour les affaires de subprimes (aucun banquier américain n’a fait de prison) tandis que les banques européennes et japonaises ont été condamnées pour avoir violé des embargos. Les banques suisses ont payé un très lourd tribut pour ne pas avoir communiqué à temps un certain nombre de données.

On en est aujourd’hui à 35 milliards de dollars d’amendes pour les banques étrangères et une demi-douzaine de milliards de dollars pour les groupes industriels. Sur les dix premières amendes infligées, notamment pour des affaires de corruption, aux groupes industriels, neuf concernent des groupes étrangers. Le record va à Siemens (800 millions de dollars) suivi par Alstom (772 millions de dollars).

Cet argent sert d’abord à l’auto-alimentation du système judiciaire américain (la SEC, le Trésor, le DOJ etc.) dont les coûts annexes sont considérables. Le système judiciaire américain, les centaines de milliers de lawyers des cabinets, sont embauchés par les entreprises et vivent « sur la bête ». L’argent des amendes fait donc vivre le système judiciaire américain au sens large. S’y ajoute la contestation de brevets etc. L’application de ce système de l’extraterritorialité est un formidable business qui alimente la machine judiciaire et juridique américaine.

Les gens de BNP Paribas seront sans doute heureux d’apprendre qu’une partie de leur amende va servir à indemniser les citoyens américains qui avaient été victimes de la prise d’otages à l’ambassade des États-Unis à Téhéran en 1979. Plus de cinquante personnes, retenues pendant 444 jours, n’avaient jamais été indemnisées parce que, dans l’accord entre l’Iran et Ronald Reagan, l’Iran avait refusé de payer quelque indemnité que ce soit (l’une des raisons pour lesquelles les Iraniens avaient pris en otage les personnels de l’ambassade américaine était la « prise en otage » par les Américains des compte iraniens à la Chase Manhattan Bank…). Le Congrès a l’intention d’utiliser 1 à 2 milliards de dollars, pris sur l’amende de BNP Paribas, pour indemniser ces ex-otages américains.

Plus grave : les accords que les entreprises étrangères sont contraintes de signer s’accompagnent généralement de la mise sous tutelle de fait de ces entreprises qui, de par le settlement, l’accord passé avec la justice américaine, subissent pendant six mois, un an, trois ans… la présence de contrôleurs indépendants chargés de vérifier que l’entreprise condamnée se conforme bien à toutes les règles de la compliance américaine. Alcatel Lucent avait été condamnée il y a quelques années à une amende pour corruption à propos d’affaires qui remontaient au début des années 2000 (le montant, moins important que celui infligé à Alstom, s’élevait quand même à 170 millions de dollars). Contrainte d’accepter pendant trois ans la présence d’un contrôleur indépendant, Alcatel Lucent devait lui donner toutes les informations que ce contrôleur jugeait utiles à la réalisation de sa mission. D’aucuns disent que Alcatel Lucent a été ainsi pillée pendant quelques années par la justice américaine. Les secrets de fabrication et un certain nombre de données essentielles peuvent être transférés ainsi à une puissance étrangère.
L’extraterritorialité du droit américain permet à la puissance américaine, sur les secteurs qu’elle estime stratégiques, d’asseoir sa domination.

Merci.

Source : Fondation Res Publica, Jean-Michel Quatrepoint, 01-02-2016

mardi, 12 avril 2016

The EU’s “suicide by reality denial”

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The EU’s “suicide by reality denial”

This article was written for the Unz Review: http://www.unz.com/tsaker/the-eus-suicide-by-reality-deni...

What had to happen did happen. The EU, being the chain of weak links it is, did eventually give in, and the Dutch people were the first one to vote against the association with the Ukraine. Of course, the Euroburocrats can now find some reason to declare the vote invalid, they can declare that some law was violated, they can even negotiate some minor change the to association agreement, or they might even decide that they can simply ignore this vote. But none of that will make any difference: the undeniable truth is that the Ukrainians are not welcome in the EU, not as associates and even less so as members. So no EU, no NATO no “European future” for the Ukraine. The entire hot air balloon which has been fueling the naïve and ugly hopes of the Euromaidan has burst and the Euro-Ukrainian project is crash and burning like the Hindenburg.

This disaster did not have to happen, it was entirely man made. In a saner world, the EU, Russia and the Ukraine could have negotiated a tripartite deal which would have given the Ukraine the role which geography and history have given it: to be a bridge between Russia and the EU. But the EU categorically rejected this option, several times, simply declaring that “the Ukraine is a sovereign state and Russia has no say in Ukrainian matters”. This zero sum game was forced on Russia against her will but now it is the EU which has lost it all, even if this is by no means a victory for Russia either. The sad reality is that everybody has lost. Now the EU has to accept the total defeat of its Ukrainian policy, Russia is now alone looking at a dying failed state right across her border, while the Ukraine is simply falling apart and dying a painful death. Will the Eurobureaucrats accept this outcome?

Probably not.

They will do what they have always done. They will lie, deny, minimize and, most importantly, pretend like nothing has happened. They will say that 60% of 30% of a small EU nation do not get to make decisions for the entire continent. Or they will declare that instead of just an old fashioned “association” the EU will offer the Ukraine something much better – a “heartfelt friendship” maybe. Or a “love eternal”. Or even a “continental brotherhood”. But that will all be in vain because the people of Europe are clearly weary of the Ukronazis, even their Polish “friends” are now considering building a wall of their own, to keep their “Ukrainian friends” out of Poland; feel the love!

Consequence one: financial costs

But it is way too late for the Europeans. The really bad news for them is that they will have to pay most of the costs of more or less rebuilding the Ukraine. Russia simply cannot do it. Her economy is way too small, and she is already struggling with trying to restore law and order in Crimea (which is proving very hard, as the local mob is already trying to return the way it operated under Ukrainian control). Furthermore, Russia will have to pay for the Donbass, that is pretty obvious. So Russia is really maxed out.

The US could pay, but won’t. Even if Hillary is elected (aka appointed by the US ‘deeps state’), such a huge economic rescue program for the Ukraine will never pass Congress, not when the US themselves are in need of a similar program to rebuilt their own decrepit and neglected infrastructure and economy.

But most importantly, Russia does have the means to close her borders. The newly created Russian National Guard will now take over the responsibilities of several ministries and agencies including the Federal Migration Service. Russia already has a very capable Border Guard Service which is subordinated to the Federal Security Service (ex-KGB). It is estimated that the Border Guard Service currently includes 10 regional offices, 80+ border units, 950+ outposts, 400+ checkpoints. Every day the service conducts 11,000 patrols. In total, the task of preservation and protection of borders of the Russian Federation carried out by about 200’000 border guards. This service has its own air force, coastal navy, UAV, intelligence directorate, armored units and even its own Spetsnaz forces. The reality is that the Russian Border Guard Service is more powerful than most EU armies. And now it will have the full power of the National Guard to back it. Make no mistake, Russia can, and will, if needed, lock and protect her borders.

As for the USA, they have the best border protection on the planet: the Atlantic and Pacific oceans.

So when the Ukraine turns into a black hole (the process is well under way) the only ones who will not be able to protect themselves but who will have the means to pay to fix this mess will be the Europeans. Yes, sure, the US and Russia will also have to help, and they both will, for different reasons. But the bulk of the costs will go directly to the European taxpayer. That is the price the EU will have to pay, sooner or later, for its arrogance and incompetence.

Second Consequence: security

There will also be another price to pay, this time a price in security. All the NATO saber-rattling along the Russian border did, eventually, wake up the “Russian bear”. Not only has Russia now deployed her formidable Iskander missiles in Kaliningrad, she has now doubled the size of her already formidable Airborne Forces.  Here is what I wrote about that in December 2014:

“the Russians have no fear of the military threat posed by NATO. Their reaction to the latest NATO moves (new bases and personnel in Central Europe, more spending, etc.) is to denounce it as provocative, but Russian officials all insist that Russia can handle the military threat. As one Russian deputy said “5 rapid reaction diversionary groups is a problem we can solve with one missile”. A simplistic but basically correct formula. As I mentioned before, the decision to double the size of the Russian Airborne Forces and to upgrade the elite 45th Special Designation Airborne Regiment to full brigade-size has already been taken anyway. You could say that Russia preempted the creation of the 10’000 strong NATO force by bringing her own mobile (airborne) forces from 36’000 to 72’000 . This is typical Putin. While NATO announces with fanfare and fireworks that NATO will create a special rapid reaction “spearhead” force of 10’000, Putin quietly doubles the size of the Russian Airborne Forces to 72’000. And, believe me, the battle hardened Russian Airborne Forces are a vastly more capable fighting force then the hedonistic and demotivated multi-national (28 countries) Euroforce of 5’000 NATO is struggling hard to put together . The US commanders fully understand that”.

But that is not all Russia did. Putin has ordered the re-creation of the ultimate Cold War Russian armor threat: the First Guards Tank Army. This Tank Army will include two Tank Division (the best ones in the Russian military – 2nd Guards Tamanskaya Motor Rifle Division and the 4th Guards Kantemirovskaya Tank Division), and a total of 500+ T-14 Armata tanks. This Tank Army will be supported by the 20th Guards Combined Arms Army.

Make no mistake, this is a huge, heavy and powerful force whose purpose will be very similar to the famous Soviet “Shock” Armies during WWII and the Cold War: “overcome difficult defensive dispositions in order to create a tactical penetration of sufficient breadth and depth to permit the commitment of mobile formations for deeper exploitation”.

Bravo Europe – you just painted a giant crosshair on your forehead!

Very little of that is reported in the western media, of course, and so the general public is utterly unaware of the fact that while NATO and western politicians pretended to play tough and tried to scare Russia, the Russians decided to take these threats seriously and took real, practical action.

For somebody like me who lived through the Cold War and who used to monitor the Soviet Forces in Eastern Germany, it is both distressing and sickening to see that the West has literally forced Russia into a new Cold War she neither wanted nor needed. Of course, I am absolutely confident that there is no “Russian threat” in East, and the only way to get this entire military power to strike would be to attack it first, but the sad reality is that the EU/NATO countries are now directly targeted by Russian forces.

To make it all much worse, there is now a strong possibility that Hillary and her Neocon gang will soon take over the White House. God only knows what these people are capable off. Hillary, whose only “success” in life seems to have push Bill to bomb the Serbs and making a ugly mess out of Libya, will have something to prove: that she is more of a man than Putin. She will try to scare and bully him into some kind of submission and nevermind that the Russian people now see the West as a degenerate, if arrogant, society of Conchita Wurst like poseurs who simply don’t have what it take to fight a real fight and who can only pick on the weak and humble. It is not fear which the Neocons inspire in Russians, but disgust. At most, they can elicit a sense of concern due to their seemingly infinite arrogance and self-defeating lack of foresight. As I have written many, many times already, Russian do fear war, no doubt about it, but, unlike the AngloZionists, they are nevertheless ready for it.

As for the Europeans, they are now slowly coming to realize that they are in for a long and very painful war against Wahabi terrorism. The attacks in Paris and Brussels are just the opening shots of a war which will last many years. It took Russia over a decade to finally crush the Wahabi terrorists in the Caucasus, and that was with a man like Vladimir Putin at the helm of the country. One look at Francois Hollande or Angela Merkel and you can feel in your guts that these two sad clowns will never prevail. Just contrast the reaction of Vladimir Putin to the downing of the Russian airliner over the Sinai with Frederica Mogherini’s sobbing following the bombings in Brussels.

Now imagine that you are a Wahabi terrorist leader, and a hardcore lifelong sexist, would I add, and that you are looking at these two photos on the right. Would this influence your selection of targets?

Of course it would.

The same goes for the comparison of the US/NATO operations in Syria with the outcome of just under six months of Russian Aerospace forces. States, just like people, have their own “body language” and while the body language displayed by Russia is one of confident and formidable power, the body language of the EU and, to a marginally lesser extend, the USA is one of weakness, hubris and incompetence, often bordering on the suicidal (like Merkel’s policy towards immigration).

The Bottom Line

The bottom line of this mess is this: what the US and the EU did in the Ukraine (and elsewhere, really) was fantastically stupid. But the US can afford such mistakes, while the EU clearly cannot. As for Russia, yes, she most definitely has been hurt by these policies, but this pain has been channeled by the Kremlin to make Russia stronger on many levels, from the political, to the military and even the economy, although here the progress has been minimal and the 5th column is still very much in charge, though I remain hopeful of a much needed purge.

What the EU has done is essentially a form of “suicide by reality denial”. What follows next will have to be regime change, not for one country, but for the entire continent. I think that such regime change is inevitable, but the big question is how long this slow and painful EU agony will last. Alas, this could take many years, I think. EU leaders will not elegantly apologize and resign, there is an entire class of parasites which now lives from the EU structure which will desperately resist any meaningful reforms, nevermind regime change, and which will always put their narrow comprador class interests above their people or even common sense.

As for the people of the EU, they will find out that they don’t have the means to impose political change by the ballot, that they live in a pretend-democracy, and that everything they have been told and promised is just an empty, ugly, lie. The Ukraine did not become Europe, but Europe became the Ukraine.

Welcome to the real word, EU!

The Saker

Les Pays-Bas ont-ils ouvert une crise continentale?

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Les Pays-Bas ont-ils ouvert une crise continentale?

Ex: http://www.leblancetlenoir.com

Les Pays-Bas font partie des Etats fondateurs de l’Union Européenne. Signataires du traité de Rome, ils sont historiquement attachés au libre-échange et à la construction communautaire. Un tiers d’entre eux s’est déplacé cette semaine au referendum d’initiative populaire sur l’accord de libre association entre l’Union Européenne et l’Ukraine. À une écrasante majorité, les électeurs ont manifesté leur opposition à ce texte, ce qui empêche sa ratification par le pays. Potentiellement, c’est la politique de l’Union vis-à-vis de l’Ukraine qui est remise en cause.

Les Pays-Bas, ce caillou dans la chaussure européenne

Pour l’Union, mise à rude épreuve par la crise des migrants qu’elle a très provisoirement réglée, le referendum hollandais est un mauvais présage. À quelques semaines du referendum britannique, le signal envoyé est celui d’un refus populaire et majoritaire opposé à la conception germanique de l’Union.

C’est en effet l’Allemagne qui a pesé de tout son poids pour soutenir l’Ukraine contre la Russie. Et c’est l’Allemagne qui a tendu les relations avec Poutine en favorisant la construction de relations bilatérales privilégiées avec l’Ukraine. Ces choix sont en tout cas mal compris à l’Ouest, où les Néerlandais viennent de les rejeter officiellement.

Il va maintenant falloir faire avec ce nouvel incident de parcours qui affaiblit la légitimité des politiques européennes. Formellement, l’accord d’association ne pourra se passer de la ratification néerlandaise sans perdre ses bases juridiques. L’option finale sur le dossier risque d’être compliquée à assumer.

L’Union est-elle menacée?

A ce stade, ni Jean-Claude Juncker ni Donald Tusk n’ont annoncé le moindre changement dans les options communautaires. Si cet attentisme se justifie par le besoin de laisser le gouvernement néerlandais digérer son échec, il rappelle aussi que l’Union n’est pas conduite aujourd’hui par des leaders charismatiques capables de dégager des visions à long terme.

Cette apathie politique de l’Union est probablement son handicap fondamental. Le sentiment que les peuples aboient et que la caravane communautaire passe devrait en sortir accentué. Le « cause toujours tu m’intéresses » de la démocratie européenne est une donnée brute de l’Union.

On en mesurera le prix lors du referendum sur le Brexit. Face à des Britanniques épuisés par la machinerie bruxelloise, l’immobilisme de Donald Tusk (qui s’est empressé de dire que le referendum néerlandais ne changerait rien à court terme), le président du conseil, devient un jeu dangereux.

Le traité transatlantique et le suicide européen

On notera au passage que Juncker et Tusk ne sont pas les seuls à jouer avec le feu. Angela Merkel, leur mère protectrice, continue à épuiser ses voisins avec ses lubies. La dernière en date consiste à pousser à la conclusion rapide du traité de libre-échange transatlantique. Le sommet franco-allemand a permis de l’évoquer. Voici ce qu’indique le relevé de décisions:

La France et l’Allemagne soutiennent la conclusion d’un accord entre l’Union européenne et les Etats-Unis qui soit ambitieux, équilibré et mutuellement bénéfique, si possible avant la fin de l’année si les conditions sont réunies. L’accord de partenariat commercial transatlantique, en permettant un accès renforcé au marché américain pour nos entreprises, devra offrir des opportunités pour plus de croissance et d’emploi en France et en Allemagne et permettra une coopération réglementaire selon les normes les plus élevées pour une économie durable.

La France et l’Allemagne seront en particulier vigilantes sur l’atteinte d’un résultat ambitieux et équilibré pour l’Union européenne dans les négociations, notamment sur l’accès aux marchés publics aux Etats-Unis, y compris au niveau subfédéral, sur la reconnaissance des indications géographiques, sur les services (transport maritime et coopération réglementaire en matière de services financiers en particulier), ainsi que sur les questions non-tarifaires dans le domaine agricole et agro-alimentaire, ou encore sur des objectifs ambitieux s’agissant du développement durable et de la responsabilité sociale des entreprises.

En ce qui concerne le mécanisme de règlement des différends investisseur/Etat, l’accord est une occasion d’établir un modèle pour les futures négociations commerciales, sur la base des propositions faites par la Commission.

Mais qu’espère Angela Merkel avec ce traité?

http://www.eric-verhaeghe.fr/pays-bas-ont-ouvert-crise-co...

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